Au total, 31 communes balnéaires, principalement dans le sud-est de la France, ont pris un arrêté contre le port du burkini ces derniers jours. Le Conseil d'Etat doit décider ce jeudi de la légalité de ces mesures qui divisent la classe politique et l'opinion.
De l'huile sur le feu. "Je suis contre le burkini", a déclaré jeudi Najat Vallaud-Belkacem au micro de la Matinale d’Europe 1. "Mon rêve de société est une société où les femmes sont libres et fières de leur corps", ajoute la ministre de l’Education nationale qui fut également ministre des Droits des femmes, fustigeant une politique politicienne. "La faute à ceux qui y ont vu un potentiel d’exploitation politique, ce que je déplore totalement dans un moment grave, un moment post-attentat où les Français sont inquiets. Il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu", martèle la responsable politique.
Une libération de la parole raciste. "J’estime que la prolifération [des arrêtés anti-burkini] n’est pas bienvenue. Je pense que ça pose la question des libertés individuelles. Jusqu’où va-t-on pour savoir si une tenue est conforme aux bonnes mœurs ? Et que cela, par ailleurs, libère la parole raciste, et on l’a remarqué dans les verbalisations et les incidents qui se sont déroulés […]. Je pense qu’il y a là une dérive qui est dangereuse pour la cohésion nationale.", a-t-elle avancé au micro de Jean-Pierre Elkabbach. "Rien n’établit de lien entre le terrorisme et Daech, et la tenue d’une femme sur la plage. Pour moi, il n’y a aucune évidence dans ce lien."
Eviter la stigmatisation. À l'issue d'un entretien mercredi avec le président du Conseil français du culte musulman, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a joué l’apaisement, déclarant que "la mise en œuvre de la laïcité et la possibilité de prendre ces arrêtés ne d[evait] pas conduire à des stigmatisations."
La responsabilité de l'opposition. Selon Najat Vallaud-Belkacem, la multiplication des interdictions nourrit les amalgames et contribue à discriminer une communauté. "Je refuse à tout prix que l’on ne réserve la question de l’égalité homme-femme et de la lutte contre les inégalités qu’à la religion musulmane, comme si seule la religion musulmane venait poser problème en la matière. Les responsables de droite qui nous parlent beaucoup de ce sujet, je ne les entends jamais quand il s’agit d’évoquer les violences faites aux femmes, je ne les entends jamais quand il s’agit d’évoquer l’inégalité salariale…", a-t-elle relevé.