Le Salon de l'Agriculture s'est ouvert ce samedi matin Porte de Versailles, à Paris, avec la présence d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a coupé le traditionnel ruban d'inauguration sous le regard de Neige, la vache égérie de l'événement, après avoir appelé les acteurs de l'alimentation "à la responsabilité" pour que les négociations, qui s'achèvent mardi, aboutissent à une "juste rémunération" du travail des agriculteurs. "Ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres", a également averti le chef de l'Etat, alors que les professionnels craignent des mesures de rétorsion sur les exportations après les sanctions prises à l'égard de la Russie.
"Ce ne sera pas sans conséquences sur l'augmentation des coûts de l'énergie, ce ne sera pas sans conséquences sur l'alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à fournir", a averti le président qui a indiqué que le gouvernement travaille à "un plan de résilience" pour faire face aux conséquences de cette guerre en Ukraine. Au Salon de l'Agriculture, la tension était palpable ce samedi matin. Des voix s'élèvent notamment du côté des céréaliers car la Russie est le principal exportateur de gaz naturel comme l'azote, présent dans les engrais.
Affolement des marchés avec la guerre en Ukraine
En un an, son prix a plus que doublé et la situation ne va pas s'améliorer selon Jean-François Loiseau, président de la filière. "Pour faire des produits sains et des produits pas très chers, il faut serrer les coûts, et le budget engrais est très important. Donc les conséquences de la guerre vont être non seulement que les prix vont énormément augmenter, mais peut-être aussi la raréfaction de ces engrais pour le printemps", affirme-t-il dans l'émission Europe Midi week-end.
Le marché des céréales, justement, inquiète les différents éleveurs. Le prix du blé a augmenté de presque 20% en l'espace de quelques heures. L'Ukraine est en effet le huitième exportateur au niveau mondial. Une hausse des coûts problématique pour François Valy, producteur porcin. "C'est vrai qu'aujourd'hui, malheureusement avec ce qui se passe en Ukraine, il y a automatiquement une grosse inflation et un affolement des marchés depuis 48 heures. La situation depuis l'été dernier est déjà très, très compliquée. Donc il ne faudrait pas que cette situation ne s'aggrave sur les matières premières et sur tous les produits annexes. Parce que pour la production porcine, déjà que c'est compliqué, ce sera impossible à vivre", a-t-il assuré.
L'enjeu de la transmission pour les nouvelles générations d'agriculteurs
Invité sur Europe Midi Week-End samedi, Samuel Vandaele, président des Jeunes agriculteurs, a expliqué partager ces inquiétudes. "A ce stade, ce ne sont que des inquiétudes mais on souhaite pouvoir mettre en place un certain nombre de dispositifs pour protéger plus particulièrement les jeunes qui sont un peu plus vulnérables parce qu'ils ont souvent un taux d'endettement plus fort avec des filières qui sont déjà en crise", a-t-il posé avant de poursuivre. "Entre autres, je pense au porc qui traverse une crise sans précédent. Et puis, en même temps, on est en train de finaliser les négociations commerciales avec l'ensemble des industriels et des grandes distribution. Et c'est un caillou à la mer en plus, qui pourrait freiner la production."
Emmanuel Macron a en effet appelé ce samedi matin la grande distribution à mieux rémunérer les agriculteurs. C'est ce qu'attend Samuel Vandaele, mais pas seulement. "Derrière cette rémunération, il y a aussi un enjeu fort sur le renouvellement des générations. Plus d'un agriculteur sur trois va partir à la retraite dans les dix ans à venir. Et si l'on n'est pas capable aujourd'hui de montrer des perspectives à ces jeunes, on va se retrouver avec un abandon de notre agriculture et donc un abandon de notre alimentation", a-t-il alerté.
"C'est pour cela qu'Emmanuel Macron a dit à la fin de son discours souhaiter mettre en place un vrai dispositif de transmission. C'est-à-dire accompagner les gens qui partiront à la retraite dans ces dix ans à venir à céder leur exploitation à des jeunes via des opérations de parrainage ou autre... Et ça répond à une de nos demandes fortes en ce moment."