En lieu et place d'une traditionnelle visite au salon de l'agriculture, annulé pour cause de Covid-19, Emmanuel Macron s'est rendu dans une ferme de Côte d'Or, mardi. Le chef de l'Etat y a évoqué les problèmes du monde agricole, avant de rencontrer des agriculteurs, transformateurs et distributeurs, dans un contexte particulièrement tendu. Les négociations commerciales annuelles des prix de l'agroalimentaire se terminent en effet dans moins d'une semaine et les agriculteurs, durement touchés par la crise sanitaire, sont très inquiets.
"Le pouvoir des grands distributeurs est très important"
Car s'ils ont été célébrés à l'issue du premier confinement pour être parvenus à approvisionner les magasins sans pénurie malgré les restrictions, les producteurs ont tout de même perdu de l'argent en 2020. Les ventes en supermarché n'ont en effet pas compensé la fermeture des restaurants la majeure partie de l'année. Pour s'en sortir, les agriculteurs réclament donc une baisse des prix pouvant aller jusqu'à -1,33%, ce qui représente d'importantes sommes sur de gros volumes.
"Je pense que le pouvoir des grands distributeurs est très important", estime au micro d'Europe 1 Alexandre Estivalet, l'un des quatre gérants de la ferme qui a accueilli Emmanuel Macron, mardi. Le producteur reconnaît que les industriels, qui servent d'intermédiaire dans ces transactions, "n'ont pas forcément de marge". Mais il renvoie les acteurs des négociations dos à dos, déplorant qu'ils "se rabattent sur l'échelon en-dessous, la base, les agriculteurs" pour conserver leurs bénéfices. "Le problème, c'est que quand chacun prend sa marge et que nous on est à la fin, il n'y a plus rien à prendre et on n'a plus rien."
Un bénéfice à répartir "de manière équitable"
Alexandre Estivalet attend donc beaucoup du chef de l'Etat. "L'idée de base, de partir de nous pour 'remonter', c'est la bonne. Je pense qu'il faut que [le chef de l'État] soit vraiment intransigeant avec tous les maillons de la chaîne, pour que chacun ait sa part de bénéfice sur les produits - c'est normal, tout le monde fait un travail - mais que ce soit réparti de manière équitable", particulièrement dans le contexte de la crise sanitaire.