Vendredi, Emmanuel Macron a choisi Jean Castex pour devenir son Premier ministre. Peu connu du grand public, le haut-fonctionnaire avait été nommé "Monsieur déconfinement", durant la crise du coronavirus. Au lendemain de la percée verte des municipales, le choix de cet élu local récemment démissionnaire du parti Les Républicains est surtout un appel à l'électorat de droite, selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur et président de Pollingvox. L'auteur de Bloc contre bloc, la dynamique du macronisme (Éditions du Cerf, 2019), était l'invité d'Europe 1, dimanche.
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"Des gains à avoir" à droite
"Il n'avait pas grand-chose à gagner chez les électeurs écologistes. En plus, cet électorat écologiste est moins important qu'on veut bien le dire", ajoute le politologue. "Avec cette nomination de quelqu'un qui était au parti Les Républicains, Emmanuel Macron s'adresse à toute une partie de l'électorat de François Fillon, qui a rallié le vote La République en marche, notamment lors des européennes." Selon Jérôme Sainte-Marie, lors des élections européennes, 27% des anciens électeurs de François Fillon avaient voté pour la liste conduite par Nathalie Loiseau.
"C'est certainement du côté de la droite qu'Emmanuel Macron a des gains à avoir", assure le politologue. "Il conserve une partie d'électeurs issus du centre gauche, mais il a besoin d'électeurs venus du centre droit, voire même de la droite, tout simplement."
Un dialogue vers les élus locaux et corps intermédiaires
Présenté par certains comme un simple "collaborateur", Jean Castex a refusé ce mot "dépréciatif". D'autres le considèrent plutôt comme un homme de dialogue, avec une certaine force de caractère. La nomination de l'ancien maire de Prades traduit ainsi, selon Jérôme Sainte-Marie, une volonté de rapprochement entre le chef de l'État et les autres strates de la société : "On voit que ces trois ans d'Emmanuel Macron sont en fait une espèce de long cheminement en arrière pour retrouver la confiance des corps intermédiaires, des élus locaux et notamment des mairies", analyse-t-il.
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"C'est finalement cette solitude du pouvoir de l'exécutif, qu'avait voulu Emmanuel Macron, pour donner plus de dynamique à sa politique, pour gagner du temps, qui s'était retournée contre lui, notamment lors du phénomène des 'gilets jaunes'", précise le politologue. "Là, il s'était rendu compte qu'il avait besoin de l'appui et des lumières des élus locaux. Si cela fait un certain temps qu'il a entamé d'ailleurs ce travail de reconquête, notamment lors du grand débat national, là, ça signe véritablement cette mise en conformité d'Emmanuel Macron par rapport aux pratiques courantes de la Vème République."