Pour les ONG, si la sensibilité écologiste du nouveau ministre est réelle, elle pourrait se heurter au poids des lobbies et au manque d'ambition du gouvernement.
Surprises par la démission surprise de Nicolas Hulot, les ONG et acteurs de la Transition écologique attendaient avec inquiétude la composition du nouveau gouvernement. Et c'est avec prudence qu'ils ont accueilli la nouvelle de la nomination de François de Rugy comme ministre de la Transition écologique.
"François de Rugy est une personnalité incontestablement écolo, avec la connaissance des dossiers, et il a le gros avantage d'être une personnalité de premier plan d'En Marche", reconnaît d'entrée Géraud Guibert, président du think tank La Fabrique écologique. Mais, ajoute-t-il, "tout le problème est de savoir ce qu'entendent faire le président et le gouvernement. Est-ce que les différents appels qui se sont multipliés ces derniers jours (en faveur de la transition écologique) les amèneront à avancer de manière plus offensive sur un certain nombre d'arbitrages ?".
"Nous jugerons cette nomination sur les actes". Le directeur de Greenpeace France Jean-François Julliard reconnaît aussi au président de l'Assemblée nationale "un passé engagé sur l'environnement, notamment avec ses prises de positions anti-nucléaire", avant de nuancer : "sans changement de la part d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe, il y a très peu de chances que François de Rugy fasse mieux que Nicolas Hulot". Pour le patron de Greenpeace, "un autre marqueur fort sera la loi de mobilités et le souhait de Nicolas Hulot d'avoir un fonds important pour le développement du vélo et des modes de transport doux (...) on va aussi l'attendre sur la réforme de la PAC".
Même prudence du côté d'Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (ex-Fondation Hulot). "Peu importe le nom du nouveau ministre", élude-t-elle, "nous jugerons cette nomination sur les actes. La présentation du budget la semaine prochaine permettra de savoir si l'électrochoc de la démission de Nicolas Hulot a ouvert les yeux du gouvernement sur l'urgence de la situation".
Les associations inquiètes du poids des lobbies. Pour Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), le principal danger se situe du côté des lobbies. "On n'a aucun doute sur ses convictions en faveur des énergies renouvelables, mais est-ce qu'il aura le poids suffisant pour réussir là où Nicolas Hulot n'a pas réussi, c'est-à-dire à surmonter les oppositions des différents lobbies ?", interroge-t-il.
Sans donner d'avis sur le profil de François de Rugy, Enerplan, qui regroupe les entreprises françaises du solaire, appelle le ministre "à poursuivre la mobilisation" sur le solaire. Et de rappeler les quatre priorités du secteur : la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie), le lancement du prochain appel d'offres, la poursuite des efforts de simplification et l'encouragement de l'autoconsommation.
Enfin, pour 350.org, pas question d'accorder sa confiance au nouveau ministre, car "la transformation écologique urgente n'est pas le cap de l'action publique du gouvernement". A ce titre, ajoute l'association, "François de Rugy sera appelé à devenir figure de proue de la politique des petits pas - qui ne se différencie en rien du déni climatique et environnemental".