Emmanuel Macron avait promis une clarification avant de dissoudre l'Assemblée nationale, mais voilà 50 jours qu'il entretient le flou. Le chef de l'État n'a toujours pas décidé qui entrera à Matignon. Le temps presse pourtant, les dossiers urgents s'accumulent comme celui du budget, dont le calendrier est très serré. Le président en a conscience, mais il veut faire le bon choix : celui qui ne sera pas censuré à l'Assemblée et pas en conflit avec sa politique économique. Or, les options sont de plus en plus restreintes.
Un choix cornélien
Les hypothèses Xavier Bertrand ou encore Bernard Cazeneuve distillées par l’Élysée se heurtent à un mur : celui du Parlement. Pour l’enjamber, Emmanuel Macron doit à tout prix avoir l’assurance qu’au moins la moitié des députés ne censurera pas le ou la futur(e) locataire de Matignon. Mais à ce stade, le Président n’a aucune garantie.
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Pire, il a déjà la certitude que les élus du Rassemblement national et même une partie du Nouveau Front populaire sanctionneraient Xavier Bertrand comme Bernard Cazeneuve, même si le premier cité, volontaire pour le poste et disposant du soutien des figures de la droite Bruno Retailleau, Gérard Larcher et Laurent Wauquiez, semble avoir un temps d'avance. Mais le chef de l’État pourrait n'avoir d’autre choix que de nommer un mouton à cinq pattes. Une personnalité plutôt de droite et suffisamment consensuelle pour ne pas s’attirer les foudres de Marine Le Pen ou du socialiste Olivier Faure.
Un nom refait surface
C’est pourquoi le nom de David Lisnard refait surface. À la tête de l’association des maires de France, le premier édile de Cannes travaille déjà avec nombre d’élus socialistes et peut fédérer le camp présidentiel et les Républicains sans être censuré par le RN.
Enfin, Emmanuel Macron pourrait en ultime recours de tenter de convaincre Gérard Larcher d'entrer à Matignon. Mais le président du Sénat avait exclu, cet été, l’hypothèse d’une prise de fonction en tant que Premier ministre. Il faut dire qu’une telle nomination lui ferait perdre sa place, celle de deuxième personnage de l’État.