Emmanuel Macron a prudemment choisi ses mots, dimanche, pour réagir au résultat du référendum pour ou contre l'indépendance en Nouvelle-Calédonie. En qualifiant ce moment d'"étape historique", le chef de l'État a implicitement reconnu qu'en effet, ce scrutin n'est certainement pas un point d'arrivée. Certes, 56,4% des Néo-Calédoniens se sont prononcés contre la "pleine souveraineté" du Caillou et son maintien dans le giron français. Mais ce vote ne vient pas pour autant mettre de coup d'arrêt au processus autonomiste.
Deux autres référendums à venir. De fait, l'accord de Nouméa de 1998 prévoit qu'en cas de victoire du "non", un autre référendum puisse être organisé deux ans plus tard, donc en 2020. Si, une fois encore, le "non" l'emporte, un troisième scrutin pourra être mis sur pied en 2022. Avant dimanche, les anti-indépendantistes, qui anticipaient une victoire très large de leur camp, réfléchissaient déjà à éviter ces nouvelles consultations, susceptibles selon eux de raviver d'éventuelles tensions. Mais au vu de leur avance bien plus courte que prévue (les sondages annonçaient plus de 60% des suffrages contre l'indépendance), il paraît désormais difficile de faire valoir cet argument.
Redéfinir les relations de la Nouvelle-Calédonie. En plus de ces prochains scrutins à prévoir, responsables politiques locaux et métropolitains devront se pencher sur la redéfinition de la relation de la Nouvelle-Calédonie à Paris. "On ne pourra pas rester immobile après le référendum", prévenait avant le vote Philippe Gomès, député calédonien anti-indépendantiste, dans les colonnes du Monde. "Il nous faut sortir de cette nasse de l'accord de Nouméa, avoir l'intelligence nécessaire pour construire une nouvelle organisation politique qui préserve la possibilité d'exercer le droit à l'autodétermination."
" Au plan politique, il n'y a pas d'autre chemin que celui du dialogue "
Des réunions dès "les prochaines semaines". Dimanche, Emmanuel Macron lui-même a appelé "chacun à se tourner vers l'avenir, se saisir des responsabilités exceptionnellement larges reconnues aux instances locales, pour inscrire la Nouvelle-Calédonie dans la République et dans le destin océanique et indo-pacifique qui est le sien". Autrement dit, à charge désormais à l'État et aux responsables calédoniens de plancher sur les modalités de l'autonomie du Caillou. "Le gouvernement proposera aux forces politiques de Nouvelle-Calédonie de se réunir dans les prochaines semaines" pour en parler, a précisé Emmanuel Macron. Le Premier ministre Édouard Philippe, ainsi que la ministre des Outre-mer Annick Girardin, sont attendus sur l'archipel lundi.
Le principal défi reste encore que toutes ces négociations, ainsi que l'organisation des prochains référendums, se passent sans accrocs. Dans son discours, Emmanuel Macron a veillé à saluer les indépendantistes. "Je mesure [leur] déception. Je veux dire que l'État est engagé pour garantir dans la durée la dignité de toutes les composantes de la société", a-t-il déclaré. "Au plan politique, il n'y a pas d'autre chemin que celui du dialogue."