Il ne se passe pas une journée sans qu’un responsable politique fasse entendre son avis sur Emmanuel Macron, sous les feux des projecteurs depuis le lancement de son mouvement "En Marche !" le 6 avril dernier. Cette fois-ci, la réaction vient du plus haut sommet de l’Etat en la personne du chef du gouvernement. Dans une interview donnée au magazine Society qui paraîtra vendredi, Manuel Valls réclame "du jeu collectif".
"On ne peut pas être ministre et… ". Si le Premier ministre commence par admettre que ce n’est pas un problème qu’il "y ait des talents, des expressions différentes et des complémentaires", il nuance très vite par un, "il faut du jeu collectif". "On ne peut pas être ministre et préparer un autre agenda que celui du président de la République", gronde-t-il.
"Quand ça se voit, ça crée forcément des tensions". Relancé par une question du journaliste, Manuel Valls se défend de vouloir interdire ce genre d’initiative qui permet "d’élargir la majorité ou d’aller conquérir de nouveaux électeurs". Mais il ajoute aussitôt : "Il ne peut pas y avoir dans l’équipe gouvernementale ceux qui sont à la tâche tous les jours, qui sont mobilisés pour la réussite du quinquennat, et ceux qui ont un autre agenda". Il conclut par un : "Quand ça se voit, ça créé forcément des tensions".
La rivalité entre les deux hommes. Ce "recadrage" intervient dans un contexte bien particulier. Ce n'est un secret pour personne, les relations entre les deux hommes se sont considérablement tendues depuis l'envolée d'Emmanuel Macron. Ce dernier se positionne en effet sur le même créneau que son aîné en politique, celui de "la gauche progressiste". Manuel Valls débordé par sa droite et dépassé dans les sondages : le phénomène Macron a de quoi agacer le Premier ministre. Autre preuve s'il en est de cette rivalité qui va sans aucun doute s'installer dans le paysage politique français, les propos rapportés du chef du gouvernement dans la presse jeudi. "Emmanuel Macron n'a pas de permis de critiquer, mais c'est aussi au président de la République de le traiter", aurait ainsi déclaré Manuel Valls, en déplacement en Nouvelle-Calédonie.