"On se demande à quoi on sert", "j'ai honte" : récit d'un mardi mouvementé à l'Assemblée pour la majorité

© Thomas SAMSON / AFP
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Michaël Darmon, édité par Grégoire Duhourcau

Les députés de La République en marche ont fait part de leur mécontentement à leurs chefs, mardi. Mais c'était avant que ne survienne la fusillade à Strasbourg.

>> La journée de mardi a été tendue au sein de la majorité. Lors de la réunion hebdomadaire, les députés de La République en marche ont exprimé leur colère contre leurs chefs qui, selon eux, ne les entendent pas, a décrypté Michaël Darmon mercredi matin dans son édito.

"Pour illustrer l’état d’esprit de nombreux députés de base, l'image d'une version parlementaire des 'gilets jaunes' est parlante. Tout a commencé mardi matin lors de la réunion de groupe à huis clos. Les députés marcheurs ont interpellé vivement leur patron Gilles Legendre, député de Paris, qui, selon eux, est déconnecté de leurs enjeux sur le terrain.

Le motif de leur colère ? Les nombreuses alertes et demandes d’amendements dans les projets de lois, ignorées ou repoussées, sur les sujets portés aujourd’hui par les 'gilets jaunes'. Une question est récurrente : 'On se demande à quoi on sert ?' Un député de zone rurale a pris la parole. 'J'ai honte, les 'gilets jaunes' chez moi reconnaissent que je me bats mais disent que je ne suis pas écouté par le gouvernement.'

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La députée Jacqueline Dubois ovationnée

Un autre temps fort a eu lieu dans l'après-midi avec l'émotion des députés lorsque la députée de Dordogne Jacqueline Dubois, dont la voiture et celle de son mari ont été incendiées volontairement samedi soir, a pris la parole sous l'ovation de ses collègues. Une autre élue a quant à elle vu sa permanence attaquée il y a quelques jours par des militants d’extrême droite.

Alors mardi, ces députés de base qui défendent le gouvernement en première ligne, ont voulu dire aux responsables de la majorité : 'Écoutez-nous.' Le président, qui les a reçus mardi soir à l'Élysée, leur a parlé mais a dû ensuite les quitter à cause de la fusillade à Strasbourg.

Et Édouard Philippe dans tout ça ?

Formellement, le chef de la majorité, c'est le Premier ministre. Mais avec la France à nouveau frappée par le terrorisme, la donne politique après le train de mesures annoncé par le président de la République n’est plus la même. Sur la question de savoir si Édouard Philippe est en phase avec ces annonces, disons les choses comme elles sont au-delà des éléments de langage. Il a fait le job loyalement mais sans enthousiasme excessif.

Il faut dire que le tournant de la dépense publique, ce n’est pas son choix. Subtilement, il a marqué une distance dès qu’il le pouvait en parlant à chaque fois des 'mesures annoncées par le président de la République' mais sans jamais se les approprier. Et curieusement, c’est le secrétaire d'État Olivier Dussopt qui a fait acclamer par l’hémicycle les annonces d Emmanuel Macron.

Autour du Premier ministre, on insiste sur un principe : pas question d’ajouter une crise politique à la crise sociale. Et encore moins, depuis mardi soir, à la crise sécuritaire. En traduction, officiellement, le départ du Premier ministre n’est pas à l’agenda."