Le philosophe Michel Onfray débat lundi 4 octobre avec le polémiste d'extrême droite Éric Zemmour au Palais des Congrès, à Paris. Invité d'Europe matin jeudi, il a estimé avoir en commun avec son contradicteur le constat que la France va mal, tout en proposant des solutions différentes pour améliorer la situation.
Dans la longue file d'attente de celles et ceux qui sont prêts à débattre avec Éric Zemmour, pourtant toujours pas candidat à la présidentielle, Michel Onfray a pris son ticket depuis longtemps. Le philosophe s'apprête à répondre au polémiste d'extrême droite lundi 4 octobre, au Palais des Congrès à Paris, le tout retransmis en direct sur la chaîne de Front populaire, "média souverainiste" lancé par Michel Onfray lui-même. Les deux hommes ont l'habitude de ces rencontres, fréquentes sur les plateaux télévisés. Jeudi, sur Europe 1, Michel Onfray a expliqué ce qui le séparait et le rapprochait d'Éric Zemmour.
"La société, ça ne va pas"
Et cela tient en une phrase : "les constats nous rassemblent, les solutions nous séparent." Autrement dit, "sur le constat, je suis d'accord avec Zemmour", explique Michel Onfray. "S’il s’agit de dire que dans la société ça ne va pas, à l’école ça ne va pas, que la culture c’est pas terrible, qu’on n’est pas du côté de la police et de l’armée, que la justice fonctionne mal... alors le diagnostic s'impose, c'est du réel." Et, selon le philosophe, "plein de gens pensent ça" et viennent le lui dire, notamment des personnalités de la scène culturelle, notamment "du cinéma" et "un humoriste toujours de gauche".
Mais ces gens, assure Michel Onfray, ne peuvent parler tout haut de peur d'être censurés. "Si on le dit, on est blacklisté, on ne peut plus travailler. Il y a un climat de terreur intellectuelle." Preuve en est, selon lui : "France Inter ne m'invite plus. C'est de la terreur. C'est le service public, on devrait inviter tout le monde."
"Incapacité à défendre nos valeurs et nos vertus"
Quelles sont, alors, les "solutions" qui "séparent" Michel Onfray d'Éric Zemmour ? "Je pense qu'Éric Zemmour se trompe parce que quand on lui montre la lune, lui regarde le doigt." Pour le philosophe en effet, inutile de blâmer l'intégralité des musulmans pour les maux de la France. Ni même les extrémistes. "Je ne suis pas pour qu'on aille accabler des islamistes qui ont envie de détruire l'Occident dont ils pensent, avec raison, qu'il est décadent", glisse-t-il.
Tout simplement parce que "je ne nous crois pas faibles à cause des musulmans intégristes mais faibles de notre incapacité à défendre nos valeurs et nos vertus". Pour Michel Onfray, donc, c'est aux Occidentaux, et aux Français en l'occurrence, de stopper leur "décadence". Celle-ci s'incarne, estime le philosophe, dans le fait que "la civilisation aujourd'hui, c'est la possibilité de louer des utérus ou de vendre des enfants", c'est-à-dire la gestation pour autrui (GPA, illégale en France).
Il faut avoir "autre chose à présenter" comme modèle de société
Michel Onfray fustige également "l'idée qu'à neuf mois, pour des raisons de convenance personnelle, on puisse avorter". L'écrivain reprend là des propos qu'il avait déjà tenus plus tôt cette année et qui ne sont toujours pas plus fondés aujourd'hui. L'IVG ne peut être pratiquée au-delà de 12 semaines (un délai qui sera peut-être étendu prochainement à 14 semaines via un texte pour l'instant bloqué dans les limbes de la procédure parlementaire) mais l'interruption médicale de grossesse (IMG) peut être pratiquée sans délai si la santé de la mère ou de l'enfant est en danger. Ce qui est donc loin de raisons "de convenance personnelle".
Pour le philosophe quoi qu'il en soit, il faut avoir "autre chose à présenter" comme modèle de société. "C'est plus l'Occident qui est coupable que les musulmans."