Les opérations militaires françaises à l'étranger et sur le territoire national vont coûter 830 millions de plus en 2016 que ce qui avait été budgété, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense.
145 millions d'euros pour Sentinelle. "Les surcoûts nets 'Opex' (opérations extérieures) et 'Opint' (opérations intérieures) vont approcher les 830 millions d'euros pour l'année 2016", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'une audition en commission élargie à l'Assemblée nationale sur le budget 2017. Le coût de l'opération Sentinelle, instaurée en France après les attentats de janvier 2015, est estimé à 145 millions d'euros pour cette année, contre 176 millions l'an dernier, a précisé le ministre. Le député Charles de la Verpillière (Les Républicains) a relevé que 26 millions d'euros seulement avaient été prévus dans la loi de finances 2016 au titre des Opint et estimé qu'une "prise en charge interministérielle de ces surcoûts n'était pas garantie".
700 millions pour les opérations extérieures. La France est aussi engagée dans plusieurs opérations extérieures (Chammal au Moyen-Orient contre le groupe État islamique, Barkhane au Sahel, Sangaris jusqu'au 31 octobre en Centrafrique). Traditionnellement, le ministère de la Défense prévoit une dotation budgétaire de 450 millions d'euros pour ces Opex, très inférieure à la facture finale. Le surcoût Opex devrait ainsi être de l'ordre de 700 millions d'euros en 2016 par rapport à ce qui avait été budgété et le coût total de ces opérations extérieures atteindre environ 1,15 milliard d'euros en 2016, comme en 2015 et 2014.
Une injustice dénoncée. La facture non budgétée est partagée au final entre tous les ministères, une pratique que dénoncent régulièrement un certain nombre de parlementaires tout comme la Cour des Comptes. "Le montant inscrit chaque année en loi de finances (...) est insincère, celui-ci étant systématiquement dépassé de plus de 650 millions d'euros", déplore ainsi le sénateur Dominique de Legge (Les Républicains), qui a publié fin octobre un rapport sur le financement des Opex. Jean-Yves Le Drian a souligné que la seule alternative possible, tout imputer au ministère de la Défense, aurait forcément un impact sur d'autres postes du budget des armées, notamment les acquisitions de matériel. "Je ne crois pas que ce soit la bonne méthode", a-t-il estimé.
Plus de 8.000 soldats sont engagés actuellement dans Chammal et Barkhane. Environ 7.000 hommes participent par ailleurs à Sentinelle sur le territoire national, soit une mobilisation sans précédent pour l'armée française depuis des décennies.