OQTF : «Notre droit protège plus les auteurs que les victimes», s'alarme Nicolas Daragon

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Le ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, Nicolas Daragon, était l'invité de La Grande interview Europe 1-CNews. Au micro de Sonia Mabrouk, il est revenu sur la difficulté de la France à expulser des criminels sous OQTF. "Notre droit protège plus les auteurs que les victimes", estime-t-il. 

Comment mieux éloigner les ressortissants étrangers visés par une Obligation de Quitter le Territoire Français ? C'est la question sur laquelle travaille le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau , mais aussi Nicolas Daragon, ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien. Face à la faible réalisation d'OQTF chaque année, le maire de Valence prône une réflexion à grande échelle. "Il faut qu'à l'échelle de la France, on modifie les dispositions. Il y a déjà eu une première circulaire, fin octobre, du ministre Retailleau pour rappeler aux préfets qu'il fallait agir systématiquement contre les étrangers (en situation irrégulière, ndlr)", explique-t-il au micro d'Europe 1. 

"On rappelle la loi. Mais on avait aussi la circulaire Valls qui posait des conditions un peu plus souples. Et donc il faut durcir le ton parce qu'on voit bien que ça ne fonctionne pas", poursuit-il sur le plateau de La Grande interview.

Trop de droits ?

"À l'échelle européenne. La circulaire d'éloignement, la circulaire retour" doit être repensée , ajoute Nicolas Daragon. "Ça tombe bien, tous les ministres de l'Intérieur sont d'accord. Et puis il y a le dernier sujet. C'est le plus important. La plupart des OQTF qui ne sont pas réalisées, c'est parce que nous n'obtenons pas de laissez-passer consulaires. Il faut donc durcir le ton et il faut être au rendez-vous des mesures par voie de réponse à ceux qui ne jouent pas le jeu", ajoute-t-il. 

Mais un point ne permet pas à la France d'expulser autant qu'elle le pourrait. "On compte 650 annulations judiciaires par mois, mais aussi environ 150 refus d'embarquer dans un avion par mois". "Ça fait 900, soit l'équivalent de ce que nous réussissons à expulser par an", s'alarme-t-il. "Les refus d'embarquer, c'est l'État de droit dont parle Bruno Retailleau qui protège les auteurs", s'agace-t-il, avant d'ajouter : Aujourd'hui, notre droit protège plus les auteurs que les victimes. Évidemment qu'on est un État de droit et qu'on ne doit pas être dans un pays qui se transforme en dictature. Mais je crois qu'on en a trop mis et que, aujourd'hui, celui dont on a prononcé l'expulsion, il sait qu'en montant dans l'avion, s'il se cogne la tête contre la cloison ou s'il dit qu'il ne veut pas embarquer, il va rester dans le pays alors qu'il y a une décision judiciaire ou administrative" à son encontre.