Cela faisait 18 ans que le la gauche dirigeait la région. En Paca, une page se tourne. Aucun élu socialiste ne siégera au nouveau conseil régional présidé à partir de vendredi par le Républicain Christian Estrosi. Le candidat socialiste Christophe Castaner a, en effet, retiré sa candidature au soir du premier tour des élections pour faire barrage au Front national. 72 élus socialistes ont donc dû plier bagage. C’est le cas de Christine Lagrange, qui était tête de liste dans le Vaucluse et fut conseillère régionale de 2010 à aujourd’hui.
Le 13 novembre : la campagne bascule. "C’était une campagne particulière avec un Front national très haut", raconte Christine Lagrange à Europe1.fr. Bien consciente que son candidat pâtit "d’un déficit de notoriété", celle qui est aussi maire adjointe à l’urbanisme d’Avignon note cependant qu’en "octobre, le travail porte ses fruits : on avait un ressenti positif". Et puis arrivent les attentats du 13 novembre "qui ont créé un grand désarroi". La campagne s’arrête pendant 8 jours, et la reprendre "n’a pas été simple". "Sur le terrain, le ressenti n’était pas bon, les citoyens n’étaient pas réceptifs", poursuit-elle. Malgré tout, Christine Lagrange veut y croire : "on espérait qu’avec notre bon bilan à la région, notre candidat ferait un meilleur score".
"On était collectivement mal". Et puis arrive le 6 décembre, jour du premier tour des élections régionales. Le couperet tombe : Christophe Castaner récolte 16,59% des suffrages. Il termine bon troisième derrière Marion Maréchal-Le Pen (40,55%) et Christian Estrosi (26,47%). En début de soirée, Christophe Castaner annonce se maintenir mais un coup de fil de Solférino l’intime de se retirer. "C’est en allant à Marseille sur la route que j’ai appris par la radio que l’on se retirait", raconte Christine Lagrange. "C’est difficile pour nous, élus régionaux, de découvrir par la presse que l’on se retire", poursuit-elle. "Peut-être qu’on en serait arrivé à la même conclusion, mais j’ai été déçue de la façon dont ça s’est passé. A Marseille, on était collectivement mal", se souvient-elle.
"Un mandat, c’est juste". La désormais ex-conseillère régionale, qui était aussi présidente de la commission formation professionnelle et apprentissage, a déjà fait ses cartons. "J’y suis allée très vite pour rendre le matériel". Mais "la tristesse, c’était surtout lundi", explique-t-elle. Les anciens élus socialistes se sont retrouvés autour de Michel Vauzelle, l’ex-président socialiste de la région Paca. "Il y a une vrai inquiétude de ne plus avoir d’élus à la région", affirme Christine Lagrange.
Cette dernière part avec le sentiment du devoir accompli mais aurait aimé continuer son travail : "un mandat, c’est juste, le temps de prendre ses marques, notamment avec les différents interlocuteurs…". On la sent amère et déçue, elle qui part avec "tous ces projets en suspens et ces associations culturelles qui avaient besoin de mon aide". "Comment la passation va-t-elle se faire ?", s’interroge-t-elle, un brin inquiète.
Pour autant, Christine Lagrange n’envisage pas un instant d’arrêter la politique, bien au contraire. "Je suis déjà adjointe à la mairie d’Avignon et j’entends continuer à faire de la politique sur le territoire". Comment ? En réactivant notamment ses cafés politiques qu’elle avait créés en 2006.