Le Premier ministre français, Manuel Valls, a de nouveau appelé vendredi l'Allemagne à contribuer davantage à la croissance européenne, disant "assumer un désaccord fort" avec Berlin au moment où la pression internationale s'accroît sur ce sujet.
La France a déjà fourni des efforts. "Je pense qu'il nous faut porter une vraie politique de croissance, qui ne peut pas se résumer aux seuls enjeux de compétitivité. Je sais que c'est un point de désaccord fort avec notre grand partenaire allemand, mais je l'assume", a-t-il déclaré lors d'un colloque sur l'Europe, au côté du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. "La France a réduit son déficit et a mis en oeuvre de difficiles réformes qui lui permettront de mieux profiter de la reprise. Mais nous le disons depuis le début, les pays en excédent doivent desserrer la contrainte", a-t-il poursuivi.
Un "rééquilibrage en cours" pour l'Allemagne. L'Allemagne, qui assumera la présidence du G20 l'an prochain, s'est retrouvée sous pression, lors de la réunion d'automne du FMI et de la Banque mondiale jeudi à Washington, pour qu'elle participe davantage aux "efforts collectifs" de relance de la croissance mondiale, en augmentant ses dépenses. Manuel Valls a toutefois "relevé" un "rééquilibrage en cours" avec l'annonce de baisse d'impôts par Berlin.
Conservateurs et sociaux-démocrates au pouvoir en Allemagne se sont mis d'accord sur des mesures de réduction d'impôts de 6,3 milliards d'euros en 2017 et 2018. Sur la somme totale, quelque 2,6 milliards d'euros de réductions d'impôts devraient déjà être appliquées en 2017.
Plus d'ampleur pour le "plan Juncker". Pour Manuel Valls, "un autre tabou doit maintenant tomber : l'Union doit pouvoir s'endetter pour financer des projets qui bâtissent l'Europe, renforcent nos liens". "C'est ce qui donnerait à ce que l'on a appelé le 'plan Juncker' [vaste plan d'investissement européen censé relancer la croissance et l'emploi] une ampleur supplémentaire", a-t-il estimé.
Ces déclarations interviennent aussi alors que des doutes se multiplient sur la capacité de la France à tenir ses propres engagements budgétaires en 2017 (2,7% de déficit public), année électorale. L'Insee vient de réviser à la baisse, à 1,3%, sa prévision de croissance pour 2016. Le gouvernement allemand a légèrement relevé vendredi sa prévision de croissance pour cette année à 1,8%, après 1,5% l'an dernier, et compte enregistrer en 2016, pour la troisième année de suite, un excédent de ses finances publiques.