L'animal politique se caractérise surtout par deux choses. D'abord, sa capacité toujours surprenante à rebondir. Ensuite, sa difficulté à décrocher, que ce soit pour de simples vacances ou, a fortiori, sur le long terme. À l'aune de ces deux traits de caractère, il ne fait aucun doute que François Hollande est un parfait représentant de l'espèce. L'ancien chef de l'État s'est lancé depuis le printemps dans la promotion de son livre, Les leçons du pouvoir (Stock). Une offensive autant médiatique que politique qui n'a pas pris fin avec la saison estivale, bien au contraire.
Une promo qui n'en finit pas. Fin juillet, sa compagne, Julie Gayet, n'y allait pas par quatre chemins dans les colonnes du Parisien. "Beaucoup de gens espèrent son retour", assurait-elle au quotidien. Le 5 août, François Hollande dédicaçait encore son ouvrage dans une librairie varoise, à quelques dizaines de kilomètres seulement du fort de Brégançon où Emmanuel Macron passe quinze jours de vacances. Et mardi, une nouvelle séance de dédicace est programmée à Cassis, dans les Bouches-du-Rhône. Pas question, donc, de lever le pied pendant l'été.
"Hollande 2022". Parallèlement, des initiatives se mettent en place pour implanter l'idée d'un retour de François Hollande. Rémi Branco, ancien chef de cabinet de Stéphane Le Foll, très proche de l'ancien chef de l'État, a l'habitude de réunir des hollandais. Des tracts "Hollande 2022" sont également distribués un peu partout en France depuis plusieurs semaines. Avec à la manœuvre, selon le JDD cette semaine, un groupe de jeunes élus locaux de gauche, dont certains socialistes déçus d'Emmanuel Macron. Rassemblés sous le nom "Inventons demain", ce collectif assure à l'hebdomadaire recevoir un accueil "beaucoup moins hostile qu'au moment des législatives" sur les marchés. Si l'entourage de François Hollande jure que le principal intéressé n'a rien à voir avec la démarche, celle-ci semble néanmoins s'imbriquer parfaitement dans le plan "com'" de l'ex-chef de l'État.
" Hollande n'a jamais été aussi bon que dans l'opposition. Il est la mouche du coche de son successeur. Il le pique. "
Punchlines. Plan com' qui semble poursuivre deux objectifs. D'une part, ne pas disparaître du paysage politique. D'aucun prédisaient au seul chef de l'État de la Ve République ayant choisi de ne pas se représenter tant ses difficultés au pouvoir étaient grandes une fin de carrière inéluctable. François Hollande est bien décidé à prouver le contraire. D'autre part, mettre des bâtons dans les roues d'Emmanuel Macron, dont il n'apprécie ni la politique ni l'attitude. L'ancien président y est allé à coups de punchlines et d'éléments de langage, notamment sur le plateau de "Quotidien", où il déclarait en avril que François Hollande était non le président des riches, mais "le président des très riches". En juin, il avait utilisé à plusieurs reprises le terme de "présidence humaine" pour qualifier sa propre pratique du pouvoir, ce qui souligne en creux que celle de son successeur ne l'est pas. "Hollande n'a jamais été aussi bon que dans l'opposition. Il est la mouche du coche de son successeur. Il le pique", observe l'un de ses proches, Julien Dray, dans le Monde.
"L'espace est là". Selon le quotidien du soir, François Hollande pourrait faire un pas de plus le 25 août, en prononçant un discours sur l'Europe à l'université d'été du PS. Hautement symbolique alors que la campagne pour les élections européennes se prépare, pour des élections en mai 2019. Si l'ancien président se lance, c'est aussi pour se réaffirmer comme l'une des figures incontournables d'un PS qui manque d'incarnation. Alors que son nouveau premier secrétaire, Olivier Faure, peine toujours à être audible, François Hollande y voit une opportunité. "L'espace est là, il est en jachère, il n'y a personne entre Macron et Mélenchon", résume la journaliste politique de Paris Match Caroline Fontaine sur Europe 1. "Le nouveau secrétaire du PS, la plupart des Français ne connaissent même pas son nom", renchérit Yves Thréard, éditorialiste au Figaro. "Il est détesté par une partie de l'appareil du PS. Donc Hollande se dit qu'il y a un coup à jouer." Un coup gagnant ? "C'est un éternel optimiste", rappelle l'éditorialiste.