Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a publiquement critiqué le bilan des États généraux de l’alimentation, estimant que "le compte n’y est pas" dans une interview au Monde, suscitant de nombreuses réactions. "Il n’a pas boudé, il a juste tapé du poing sur la table", l’a défendu Pascal Canfin, directeur général du WWF France interrogé vendredi soir sur Europe 1.
L'idée des États généraux de l'alimentation avait été lancée par Nicolas Hulot, qui avait assisté à leur ouverture fin juillet. Son absence, jeudi, lors de leur clôture, a provoqué des remous au sein du gouvernement. Vendredi, à sa sortie de Matignon, Nicolas Hulot a assuré, sans convaincre, être "100% en phase" avec le Premier ministre Édouard Philippe.
"Le discours du Premier ministre n’est pas à la hauteur". "Il y a eu six mois de concertation avec des résultats satisfaisants sur le bio ou encore les pesticides. Et, par une forme de passage en force, le discours du Premier ministre n’est pas à la hauteur des attentes de tous ceux qui ont participé à ces États généraux", a poursuivi Pascal Canfin.
"Nicolas Hulot a donc dit que le compte n’y est pas, et il a eu raison. J’espère que ce qui sortira dans les prochains jours permettra de rehausser les ambitions sur cette transition agricole et alimentaire dont nous avons tous besoin."
"Certains lobbies bloquent." L’ancien eurodéputé a estimé que des lobbies ont freiné l’adoption de mesures fortes, notamment sur le bio. "Il y avait le potentiel pour aboutir à un résultat consensuel. Ces travaux ne se sont pas retrouvés dans le discours du Premier ministre. Pourquoi a-t-on 6% de bio en France quand l’Italie est à 15% et l’Autriche à 20% ?", a demandé Pascal Canfin. "Parce que certains lobbies bloquent et préfèrent une fiscalité plus avantageuse pour les productions les plus polluantes. Il faut négocier et discuter de tout ça, mais il faut décider à un moment. Or, on a à nouveau des concertations et très peu d’objectifs chiffrés", a déploré l’ancien ministre délégué au Développement. "Nicolas Hulot ne va pas démissionner. Il fera un bilan dans un an pour savoir s’il a été utile. Personne n’est mieux placé que lui pour défendre notre cause commune", a conclu Pascal Canfin.