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Antonin André
Répudié à droite, Patrick Buisson n'a pourtant rien perdu de son influence. Ses idées pour récupérer l'électorat frontiste, distillées dès 2005, sont toujours appliquées aujourd'hui.

Avec la publication de son livre La Cause du Peuple jeudi, dans lequel il règle ses comptes avec Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson marque son grand retour médiatique. Celui qui fut le conseiller de l’ancien Président est devenu un véritable paria, infréquentable et pourtant, il influence toujours la droite.

S'adresser à "la France périphérique". Pour Patrick Buisson, la droite - Nicolas Sarkozy en tête - devrait s’incliner devant lui. S'il est aujourd'hui détesté, l'ancien patron du journal d'extrême-droite Minute reste encore le grand homme de la droite. En 2006, c’est lui qui ouvre la voie à la droite décomplexée.

Son analyse, basée notamment sur les travaux du géographe Christophe Guilluy, c’est qu’il faut s’adresser à la "France périphérique". Cette France qui est en voie de déclassement et qui échappe aux radars des sondeurs, des politiques. Cette France qui en veut à l’Europe et qui a voté non au référendum de 2005 contre les élites et contre tous les pronostics. Ce "non" au référendum, Patrick Buisson l’avait prédit. C’est ce qui avait impressionné Nicolas Sarkozy qui en avait rapidement fait son plus influent conseiller. Au point, une fois président, de lui remettre la légion d’honneur avec emphase : "Il y a très peu de gens dont je puisse dire 'si je suis là c’est grâce à eux', Patrick Buisson est de ceux-là".

Du Buisson dans le discours de Sarkozy. Pour Patrick Buisson, il n’y a pas de frontière entre la droite et l’extrême-droite. Il y a la droite, qui va des électeurs de Marine Le Pen à ceux de François Bayrou. C’est aussi ce que pense Nicolas Sarkozy. Et pour faire gagner cette droite, il faut s’adresser à l’électorat populaire, à la classe moyenne en voie de déclassement, péri-urbaine, qui a voté communiste, socialiste ou Front national. C’est ce que fait Nicolas Sarkozy qui multiplie les petits meetings à la périphérie des villes moyennes. Pour convaincre cette France, Patrick Buisson s’inspire du théoricien communiste du début du siècle Antonio Gramsci : la conquête du pouvoir passe par la bataille des idées. C’est exactement ce que fait Nicolas Sarkozy aujourd’hui quand il parle identité, de roman national, de lutte contre l’immigration… Les mini-Calais, les Gaulois, c’est du Buisson.

Si Nicolas Sarkozy gagne la primaire et plus encore, ce sera la démonstration que la rupture politique ne vaut pas le reniement des idées.