"On a besoin des statistiques ethniques"

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INTERVIEW E1 - Invité d'Europe 1 mercredi, le fondateur du Cran Patrick Lozès s'est en revanche prononcé contre l'établissement de listes en fonction de la religion ou de la couleur de la peau.
INTERVIEW

Pour Robert Ménard, la polémique a au moins eu le mérite de "relancer le débat sur les statistiques ethniques". Le maire de Béziers s'est attiré les foudres de l'ensemble de la classe politique en annonçant lundi soir la proportion d'élèves musulmans dans les écoles de sa ville. "On en a besoin de ces statistiques. En 2009, Manuel Valls il était pour. Maintenant il est contre", a-t-il rappelé mardi sur BFM, demandant au Premier ministre de faire voter la loi qu'il avait proposé de présenter dans ce sens alors qu'il était député-maire d'Evry.

"Les Français disent qu'ils sont favorables aux statistiques ethniques". Invité mercredi matin d'Europe 1, Patrick Lozès, fondateur et ancien président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), estime lui aussi que "la société française a besoin de chiffres et les Français disent, sondage après sondage, qu'ils sont favorables aux statistiques ethniques. Mais dans le même temps, ils disent qu'ils sont farouchement opposés au fichage technique". La différence ? Quant on parle de statistiques ethniques, "il s'agit d'un sondage. Le fichage, c'est l'établissement de listes en fonction de la religion ou de la couleur de la peau. Ce qu'on ne veut pas, c'est qu'il y ait des listes disant 'tel individu est noir, juif ou arabe'", a affirmé le fondateur du Cran.


Interrogé sur les actes de Robert Ménard, Patrick Lozès a estimé que  "s'il a fait du fichage ethnique, c'est absolument scandaleux. Mais s'il s'est contenté de regarder des listes, après tout, on ne peut pas interdire l'existence de listes, comme on ne peut pas interdire l'existence des annuaires".

"Si Ménard a fait du fichage ethnique, c'est absolument scandaleux". Patrick Lozès juge encore que la France "a besoin de statistiques ethniques car si vous ne connaissez pas la sociologie de la société française, vous ne pouvez pas savoir s'il y a des discriminations. Si vous ne savez pas combien il y a des femmes, vous ne pouvez pas savoir si elles sont sous-représentées ou surreprésentées dans les conseils d'administration. C'est la même chose pour les Français issus de l'immigration".