Damned, le feuilleton franco-britannique sur la pêche aura donc un épisode de plus. Le président Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Boris Johnson se sont vus discrètement dimanche pendant une demi-heure en Italie, à Rome, pour trouver une solution au conflit sur la pêche qui les oppose depuis le Brexit. Dans la matinale d'Europe 1, Catherine Nay a livré mardi son analyse sur les résultats de cette rencontre. Le chef de l'État a évoqué une "évolution progressive" des négociations, tandis que Boris Johnson a qualifié la discussion de "franche", notamment sur le poisson. "Preuve que cela a dû chauffé, mais la position n'a pas changé", estime Catherine Nay.
Immigration : les Anglais ont des reproches à faire aux Français
Emmanuel Macron et Boris Johnson se sont rencontrés dimanche à Rome pendant une demi-heure en tête-à-tête, sans témoin, sans caméra. Y a-t-il eu des éclats de voix ? Mystère. Côté français, les griefs s'accumulent contre ce mauvais allié : l'affaire des sous-marins vendus à l'Australie et surtout, le non-respect des accords de pêche alors qu'il y a eu des dizaines et des dizaines d'heures de discussions avant signature. Mais au bout du compte, il manque toujours 200 licences pour nos bateaux. La France en avait 500 avant, ce qui veut dire que la filière de la pêche risque de casquer lourd.
Les Anglais reprochent aux Français de ne pas contrôler les frontières pour empêcher les migrants d'accoster. Sauf que la Grande-Bretagne a refusé, il y a encore quelques jours, de payer les 60 millions d'euros d'aides promis à la France. Il a fallu que Gérald Darmanin aille se battre pour les obtenir. A l'issue de leur rencontre, on a entendu tout de même une stéréo discordante. Emmanuel Macron a évoqué 'une évolution progressive' des négociations, tandis que Boris Johnson disait, lui, que sur le poisson, 'la discussion a été franche'. Preuve que cela a du chauffé. Mais la position n'a pas changé.
Boris Johnson fait rire les Anglais et a l'opinion avec lui
Emmanuel Macron a-t-il alors reçu des garanties ? Déjà, un satisfecit. Lundi, il y a eu 49 licences pour les pêcheurs français débloquées dans les eaux autour de Jersey. Est-il possible de discuter raisonnablement avec Boris Johnson, qui est un personnage fantasque, qui se coiffe avec son oreiller, bouffant, imprévisible ? Il peut dire n'importe quoi, mais il fait rire les Anglais, ce qui leur plaît. L'humour british, c'est quelque chose. Et s'il y avait demain des élections, il serait réélu. Les travaillistes sont dans les choux. Il n'a pas d'opposition, mais c'est un gros menteur. Il avait promis aux pêcheurs anglais qu'après le Brexit, il n'y aurait plus de pêcheurs européens. Or, il y en a toujours.
La presse est à 80% pour le Brexit. Les Anglais ont voulu quitter l'Europe : c'est un choix souverain, même si certains le regrettent. Mais le mot 'Brexit' est devenu tabou dans la presse. Les Anglais ont une interprétation des accords qui n'est pas celle des Européens. Ils ne le respectent pas et aujourd'hui, ils mettent la désorganisation du pays, les rappels à l'ordre de la réalité économique qui résultent de leur choix, sur le dos des Européens et des Français en priorité. La presse britannique est déchaînée contre nous, comme depuis toujours. Dans le Times, la France était encore traitée 'de pays de deuxième zone' qui n'a dans son armurerie qu'une 'jalousie historique et des crises d'hystérie et de nerfs'.
Comme Boris Johnson fait avant tout de la politique intérieure, la question est : va-t-il céder aux pressions françaises sur la pêche avec parcimonie, compte tenu de son opinion ? Ou alors respecter les accords ?