Chaque jour qui passe représente des pertes colossales pour les pêcheurs français. Dans les accords signés pour le Brexit, "il était prévu que des licences soient accordées à des patrons de pêche qui devaient prouver qu'en 2016, ils pêchent dans les eaux britanniques", explique Jean-Marc Puissesseau, président-directeur général du port Boulogne-Calais, au micro de Thierry Dagiral sur Europe 1. Deux types d'embarcations peuvent difficilement prouver qu'elles ne trouvaient bien en mer à cette époque-là.
Une situation "mesquine"
Tout d'abord les fileyeurs, qui n'avaient alors pas l'équipement nécessaire "qui se veut le seul moyen de repérer et de prouver" leur emplacement cette année-là, mais aussi des bateaux plus grands, "qui ont été vendus depuis 2016 donc les patrons de pêche n'ont pas d'historique". Pour Jean-Marc Puissesseau, "c'est vraiment très mesquin" de la part du Royaume-Uni puisque "cela représente un chiffre d'affaires ridicule par an" pour eux "sachant que les Britanniques ne mangent pas de poisson".
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Pêcher en eaux britanniques est primordial pour les pêcheurs. Ils y trouvent des poissons plus nobles comme le rouget et l'encornet qui se vendent autour de 16 euros le kilo. Ce dernier tout particulier est "débarqué par tonne sur le port de Boulogne" d'après le directeur du port, un réel "manque à gagner".
Le port de Boulogne arrêtera les contrôles gratuits
Un autre problème majeur va se poser si les négociations entre les deux pays n'aboutissent pas : "Les bateaux anglais vont être interdits de débarquer sur le port de Boulogne." Le passage en France de "40 000 tonnes venant d'Angleterre par an par la route" sera également contrarié. "Ils passent par le service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire" S'il n'y a pas d'accord, "les contrôles seront forcément très pointus, un peu ralentis", précise Jean-Marc Puissesseau, "ce qui pénalisera aussi les expéditions et surtout la transformation du poisson".
Ces contrôles, avant le Brexit et lorsque la Grande-Bretagne faisait partie du marché commun, étaient encadrés par les accords du Touquet, signés en 2003 et appliqués l'année suivante. Pour le PDG du port de Boulogne-Calais, la suite est claire. "Nous n'avons pas l'intention de continuer gratuitement à faire ces contrôles pour les Britanniques" qui concernent huit millions de véhicules par an "pour contrôler s'il y a des migrants à bord ou pas des camions".