En fin de semaine, interrogé sur les malformations importantes constatées chez certains nourrissons dans trois départements français, le nouveau ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a affirmé qu'il revenait "aux scientifiques de prouver la nocivité des pesticides". Une position qui trahit une prise de position en faveur des fabricants et des utilisateurs de pesticides, pointe lundi l'éditorialiste politique d'Europe 1, Jean-Michel Aphatie.
"Sa réponse pose un vrai problème politique : un ministre, quel que soit son domaine d'action, doit défendre l'intérêt général et pas l'intérêt des seuls acteurs de son ministère contre les intérêts du reste de la société. En répondant comme il l'a fait, Didier Guillaume a pris fait et cause pour les fabricants et les utilisateurs de pesticides en laissant totalement de côté les consommateurs. Dans son raisonnement, on comprend qu'il accepte l'idée que les consommateurs s'intoxiquent avec les pesticides jusqu'à ce que les scientifiques établissent la nocivité du produit. C'est une réponse effarante.
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Prise de conscience progressive. Les pesticides ont apporté beaucoup de choses à la société française il y a cinquante ans : ils ont allégé le travail des agriculteurs, multiplié les rendements et permis d'atteindre l'auto-suffisance alimentaire du pays. Mais avec le temps, on a appris que les pesticides tuaient les abeilles, faisaient disparaître les oiseaux, entraînaient des malformations chez certains animaux et déclenchaient des cancers chez les utilisateurs de ces pesticides. Tout ça n'est pas rien.
Aujourd'hui, on s'interroge sur les malformations des nouveaux-nés car on n'a aucune explication rationnelle. D'autre part, avec le temps, on a appris à connaître les fabricants de pesticides, qui gagnent des montagnes d'argent. Ils sont capables, en dehors de toute morale et de toute honnêteté, de pervertir et de soudoyer des scientifiques pour qu'ils publient des faux rapports et qu'ils trompent l'opinion publique. Cela s'appelle les Monsanto Papers.
"Bonsoir, Monsieur Guillaume". On sait tout des pesticides, au fond. Entendre, en octobre 2018, le ministre de l'Agriculture dire 'que les scientifiques se débrouillent et qu'on peut s'empoisonner gaiement pendant ce temps-là', c'est scandaleux et inacceptable. Si, demain, il y a un nouveau remaniement qui nous donne un nouveau ministre de l'Agriculture, ce sera une très bonne nouvelle. Bonsoir, monsieur Guillaume."