Alain Dinin, PDG du groupe Nexitiy, numéro un français de l’immobilier dans la promotion, aménagement, transaction et immobilier de bureau, est souvent présenté comme l’autre ministre du Logement. Et ce grand patron jette un regard critique sur le plan logement décidé par le gouvernement. "Il y a quelques bonnes intentions du gouvernement et une grosse déception", a déclaré Alain Dinin, invité vendredi d’Europe matin.
"Effet immédiat extrêmement négatif". "M. Macron, quand il était candidat à la présidentielle, avait dit ‘je ne toucherai pas au logement, c’est un secteur qui fonctionne bien et je sais que c’est un secteur fragile où tous les acteurs sont liés les uns à côté des autres", a-t-il rappelé. "Et il disait qu’on ne peut pas avoir de raisonnement sur le logement sans avoir une réflexion sur la ville et l’évolution démographique. En pratique, on a oublié tout ça. M. Macron a mis sous l’angle d’une politique de logement un certain nombre de mesures qui pourraient s’expliquer à 4-5 ans aujourd’hui, mais dont l’effet immédiat va être extrêmement négatif sur l’ensemble de la chaîne du logement", a-t-il prédit.
"Le logement social va se mettre à l’arrêt". Exemple très médiatique : la baisse des APL. "Probablement que le secteur HLM doit se rénover", a admis Alain Dinin. "Qu’on devrait lui dire : 'd’ici 3-4 ans, organisez-vous pour ne plus être 763 mais 20 ou 30 grands offices HLM, constituez des bilans, ayez des capacités d’emprunt'. Au lieu de leur dire ça, on leur dit immédiatement 'on vous enlève votre trésorerie, on baisse les APL, on vous fait baisser votre chiffre d’affaires, moins de loyers'. Et vous dit développez vous et organisez-vous'", a-t-il regretté. "Qu'est-ce qui va se passer ? Le logement social va se mettre à l’arrêt dans un certain nombre d'endroits. Et on ne peut pas construire de logements libres si on ne fait pas de logements sociaux. Ça s’appelle les lois SRU. L'ensemble de la chaîne va se frictionner".
"On dit : 'les petites entreprises de construction, qu’elles se débrouillent'". Même réserve sur l’effet porté principalement sur les grands centres urbains. "On est en train de se dire qu’à long terme, il n’y a de développement possible économique, urbain et de vie que dans les grandes villes. On dit au maire de Blois, de Quimper ou de Narbonne : ‘votre région m’intéresse pas, votre ville m’intéresse pas’. Et les petites entreprises de construction, qu’elles se débrouillent", a-t-il regretté, pointant aussi un manque de vision globale à long terme. "Il faut se dire : ‘dans dix ans, dans 15 ans, la population sera de telle nature’. Dans 15 ans, il y aura 5 millions de ménages de plus, dont 25% sera monoparentaux. Dont plus de 25% aura plus de 65 ans. Quel type d’habitat pour ces gens-là ? Rien dans le domaine politique", a-til asséné.