Depuis le début, il fait tout pour se tenir à distance de ce débat. Jusqu'à jeudi, François Hollande avait réussi à ne pas dire un mot sur le burkini, refusant même de répondre à une question qui lui était posée par la télévision sur ce sujet le 17 avril dernier.
Couac gouvernemental. Finalement, c'est un couac gouvernemental qui l'a contraint à sortir de son silence. Jeudi matin, Najat Vallaud-Belkacem et Manuel Valls ont publiquement fait part de leurs désaccords, la première estimant que les arrêtés anti-burkini relevaient d'une "dérive politique", tandis que le second soutenait les maires ayant choisi de bannir ce vêtement de bain. Et pointait une "erreur d'interprétation" de la part de sa collègue. Des dissensions qui ont poussé François Hollande à donner une ligne directive à ses troupes.
Synthèse hollandienne. Le président a, une nouvelle fois, fait montre de son art de la synthèse, en ne désavouant ni son Premier ministre, ni sa ministre de l'Éducation, et en lâchant quelques phrases pour le moins consensuelles. "En France aussi c'est le grand enjeu, la vie en commun", a-t-il déclaré. "Ce qui suppose des règles et le respect des règles. Ce qui suppose aussi que chacun se conforme aux règles et qu'il n'y ait ni provocation ni stigmatisation." Autrement dit : il faut respecter la loi.
Que des coups à prendre. Mais c'est précisément la validité juridique des arrêtés anti-burkini qui est remise en question, et les déclarations sibyllines du chef de l'État n'aident pas à y voir plus clair. Si ce dernier fait preuve de tant de prudence et se garde d'exposer toute conviction, c'est parce qu'il n'a qu'une seule certitude : il n'y a que des coups à prendre dans cette affaire. François Hollande sait en outre que le Conseil d'État, saisi par plusieurs associations et collectifs, va rendre sa décision vendredi, à 15 heures. Prendre position, c'est prendre le risque de se retrouver désavoué dans les prochaines heures par la plus haute juridiction du pays.