Du concret. C'est ce qu'ont demandé quelque 150 maires, réunis lundi à Grigny, dans l'Essonne, en "états généraux de la politique de la ville". Ces derniers ont appelé le gouvernement au "sursaut" et à une "réponse nationale" en faveur des quartiers populaires, après les annonces de restrictions budgétaires.
"Insupportable parce qu'injuste." Les quartiers de la politique de la ville sont dans "une situation extrême" qui est "insupportable parce qu'injuste", a déclaré le maire PCF de Grigny Philippe Rio, égrainant les chiffres du chômage, de la pauvreté et de l'échec scolaire qui minent sa commune. "Partout en France, il y a des Grigny (...). Il faut un sursaut, une réponse nationale à la hauteur du péril pour ne pas que nos territoires plongent définitivement dans l'abîme", a-t-il ajouté, à l'adresse du gouvernement.
Suppression de 46,5 millions d'euros de crédit. De nombreux maires et responsables associatifs venus de toute la France se sont succédé à la tribune pour exprimer leurs inquiétudes après la suppression cet été de 46,5 millions d'euros des crédits alloués à la politique de la ville, la réduction des emplois aidés et la baisse des aides personnalisées au logement (APL), qui fondront de 1,7 milliard d'euros dès l'an prochain. "Ce que fait le gouvernement, c'est vider de toute sa substance tout le travail qui a été fait ces quinze dernières années", a soutenu Rodolphe Thomas, maire MoDem d'Hérouville-Saint-Clair (Calvados).
Il a, comme de nombreux autres élus, rendu hommage à l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, présent dans la salle, artisan du premier programme de rénovation urbaine des quartiers dans les années 2000. Le secrétaire d'État à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, avait assuré le 6 octobre à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) que les 1.500 quartiers de la politique de la Ville - métropole et outremer - "sont une priorité de ce gouvernement".
Son ministre de tutelle, Jacques Mézard, avait de son côté garanti que le financement de la politique de la ville serait "sanctuarisé" à partir de 2018 et pour tout le quinquennat et que les préfets auraient pour tâche d'attribuer les contrats aidés en priorité aux quartiers prioritaires.