Que se passe-t-il sur Twitter à l'approche de l'élection présidentielle ? Un "macroscope politique" consultable sur internet permet désormais aux citoyens de se repérer dans la masse des données générées par le réseau social. Baptisé "Politoscope", la plateforme a été mise au point par des chercheurs du CNRS qui travaillent depuis neuf mois sur la présidentielle.
Des "outils d'interprétation et d'analyse". Présentée lundi, elle est accessible à tous et actualisée en temps réel sur le site dédié politoscope.iscpif.fr. La plateforme, qui va s'enrichir au fil des semaines, "entend fournir des outils d'interprétation et d'analyse", déclare à l'AFP David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS, qui pilote le projet. Ensuite, chacun pourra adapter ses recherches.
Rendre les statistiques accessibles. Pour suivre ce qui se passe sur les réseaux sociaux, les équipes de campagne des candidats utilisent les services de sociétés d'étude privées. Seul un petit nombre d'utilisateurs ont donc accès à ces analyses. Et les méthodologies utilisées sont souvent confidentielles. Avec le Politoscope, "nous faisons le maximum pour être le plus transparent possible; c'est 'open source', et nous allons présenter notre méthodologie", souligne David Chavalarias, spécialiste des dynamiques d'opinion. "Notre analyse en ligne n'est pas définitive. L'idée est de permettre de forger collectivement, au fur et à mesure, un outil d'observation des débats politiques", précise-t-il.
Près de 35 millions de tweets. Depuis août 2016, les chercheurs de l'Institut des systèmes complexes du CNRS et du Centre d'analyse et de mathématiques sociales (CNRS/EHESS) ont récolté près de 35 millions de tweets publiés par plus de 3.600 personnalités politiques (députés, maires, candidats). Ils ont aussi engrangé 25 millions de tweets émanant de plus de 3.000 comptes de médias et journalistes. Le Politoscope permet de se repérer dans les thèmes de campagne, de voir à quel moment ils surgissent. "On pourra aussi suivre les fausses rumeurs et retrouver d'où elles viennent" globalement, assure David Chavalarias.
Une étude sur les communautés autour des candidats. Les chercheurs se sont intéressés aux "communautés" autour des candidats et à leur propension à parler de leurs concurrents (l'analyse sera mise en ligne prochainement). "On voit qu'Emmanuel Macron est vraiment au centre de l'attention des autres communautés. Les commentaires sont plutôt négatifs car il est vu comme un danger par les autres candidats" dans la course à la qualification pour le second tour, déclare David Chevalarias.
"Personne ne s'occupe" de Le Pen. François Fillon est la deuxième cible d'attention des autres communautés, avec de fortes fluctuations en fonction des rebondissements sur le Penelope Gate, souligne le chercheur. A l'inverse, Marine Le Pen fait l'objet de très peu de tweets de la part des communautés des autres candidats. "Personne ne s'occupe d'elle", dit-il. En revanche, sa communauté de twittos se montre "très prosélyte", selon le chercheur. Son nom est souvent cité dans les tweets de sa communauté (33%) alors que c'est nettement moins le cas pour les autres candidats (14,8% pour Macron, 2,7% pour Benoît Hamon).
Twitter analyse les débats. De son côté, Twitter propose également une plateforme en ligne pour analyser les tweets échangés sur la campagne. Active uniquement durant les débats, cette plateforme permet de suivre le volume de tweets par minute, les candidats les plus mentionnés ainsi que les mots et les thématiques au centre des échanges.