Popularité de Hollande : "Non, les Français ne sont pas des girouettes"

La popularité de François Hollande a bondi de 13 points après l'annonce de son renoncement à briguer un second mandat.
La popularité de François Hollande a bondi de 13 points après l'annonce de son renoncement à briguer un second mandat. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Depuis son renoncement, le président de la République a vu sa popularité bondir, selon un sondage Ifop. Une volatilité qu’il faut relativiser, selon les sondeurs. Et qui est saine. 

Il aura donc fallu qu’il se retire pour mettre fin à une impopularité persistante. Selon un sondage Ifop publié lundi et réalisé après le renoncement de François Hollande de se représenter à la présidentielle, le chef de l’Etat a vu sa cote de popularité grimper en flèche, de 13 points, pas moins. Désormais, 29% des Français disent approuver l’action du chef de l’Etat. Un rebond record dans la 5ème République, (si l’on exclut les deux rebonds post-attentats, en janvier et novembre 2015) qui interroge sur la nature même de l’opinion française, sur sa volatilité.

Un syndrome Poulidor ? Ce n’est en effet pas la première fois qu’une personne jadis détestée voit sa popularité renaître après un revers de fortune. Les deux exemples les plus célèbres sont Jacques Chirac, très impopulaire à son départ de l’Elysée en 2007 et aujourd’hui très apprécié des Français, et François Mitterrand, qui a vu sa cote repartir à la hausse lors de la première cohabitation, en 1986. A croire qu’il faut être dans une situation de perdant pour voir son blason redorer. "C’est le syndrome Poulidor", explique Carine Marcé, directrice associée de Kantar TNS-Sofres, évoquant ce cycliste, éternel second du Tour de France mais éminemment populaire. "Mais pour François Hollande, il est encore trop tôt pour vraiment le mesurer".

"Ça a peut-être un peu joué", abonde Frédéric Dabi, de l’Ifop. "Mais on ne peut pas réduire ce rebond à cela. Et n’oublions pas que 70% des personnes interrogées jugent encore l’action de François Hollande négative". Il est donc prématuré de conclure à un rebond durable. "Peut-être qu’en cinq mois, il va redorer son blason, reconquérir une sorte de présidentialité. Cela, nul ne peut le prévoir", prévient le sondeur.

Il partait de très bas. L’explication est aussi à chercher ailleurs. "N’oublions pas qu’il avait atteint un niveau très bas", rappelle Carine Marcé. "A droite notamment,  il n’y avait quasiment plus personne pour le soutenir, ce qui n’était pas tout à fait normal. Normalement, il y a toujours un petit matelas, même dans l’opposition. Et il y avait sans doute des gens qui pensaient que malgré tout, il allait se représenter. Et parmi elles, des personnes qui pensaient même qu’il pouvait l’emporter. Ces deux risques sont désormais levés, ça explique aussi ce rebond", estime la directrice de Kantar TNS-Sofres.

"Les Français jugent une action, indexée sur un contexte", explique de son côté Frédéric Dabi. "Notre enquête a été réalisée à chaud, 12 heures après son annonce, et il est incontestable que sa décision a joué dans les réponses."

"Non, les Français ne sont pas des girouettes". Difficile donc de conclure à une volatilité consubstantielle de l’opinion française. "Les Français ne changent pas autant que ça. Ils changent de regard, pas forcément d’avis. Il y a quand même une sorte de fil rouge dans ce quinquennat, c’est une lente descente aux enfers", remarque Frédéric Dabi. "Après il y a des mouvements face à un événement fort". Les attentats, mais aussi le premier renoncement d’un président de la République sortant est assurément à ranger derrière cette catégorie.

Et que cela pèse sur l’opinion, c’est tant mieux, estime Carine Marcé. "Heureusement que les intentions de vote bougent, heureusement que les gens réagissent à l’actualité. S’ils étaient hyper structurés, si leurs avis étaient définitivement établis, ce serait certes plus simple pour tout le monde, mais il ne se passerait rien. L’élection présidentielle serait inutile. Et, au passage, on ne servirait à rien", sourit la sondeuse. "Non, les Français ne sont pas des girouettes. L’opinion réagit aux événements. Dans un pays démocratique, c’est normal."