Un Premier ministre, pourtant modèle de loyauté, qui s'affirme de plus en plus comme un recours crédible. Des soutiens indéfectibles qui commencent à le lâcher, faute de comprendre sa propension à parler aux journalistes. Et des sondages sans appel, dont le dernier, de l'Ipsos et du Cevipof, qui révèle que seuls 4% des Français sont satisfaits de son action. François Hollande a la pression. Sera-t-il candidat à sa propre réélection ?
Logique institutionnelle. Quiconque connaît la personnalité du président sait que tout glisse sur lui comme sur l'eau sur les ailes d'un canard. Et que toutes ces difficultés ne comptent pas dans sa décision. Les députés peuvent le lâcher, son Premier ministre le critiquer, les sondages l'enterrer, c'est lui, et lui seul, qui a la main. Et la logique institutionnelle, c'est qu'il soit candidat, comme tous ses prédécesseurs avant lui. François Hollande est dans la position du candidat naturel de la gauche.
Renouvellement. Reste à se donner une chance de l'emporter. François Hollande sait que cela se jouera sur l'offre politique, qui tient en un mot : le renouvellement, que les Français appellent de leurs vœux. Cécile Duflot, éliminée dès le premier tour de la primaire écologiste, en a fait les frais. Nicolas Sarkozy est en train de l'apprendre à ses dépens. À l'inverse, Emmanuel Macron s'installe dans la course. La seule chance du président pour effectuer un second mandat, c'est donc d'incarner une offre nouvelle. Ce qui relève du tour de force, au vu de son image, mais est indispensable. S'il reste l'incarnation du système, réduit à sa fonction de président sortant, le chef de l'État trébuchera.
Le pari du "care". Selon nos informations, cette offre pourrait s'institution "les nouveaux services publics". Autrement dit, une réorganisation pour qu'ils s'adaptent à la situation de chacun. Une sorte de service public individualisé, "à la carte", qui rappelle le "care" porté par Martine Aubry lors de la primaire de 2011. "Care", en Anglais, contient la notion de soin mutuel, de solidarité et de proximité. Du côté de François Hollande, la réflexion sur "les nouveaux services publics" est déjà bien avancée mais il faut encore la détailler, la rendre sexy, la "marketer". Le président parie sur les deux atouts majeurs de cet axe de campagne : c'est un projet de société qui concerne tout le monde et qui est capable de réactiver le clivage droite-gauche quand l'opposition promet des centaines de milliers de fonctionnaires en moins pour des services publics rabotés.