Dans Les Pathologies politiques françaises, Alain Duhamel décrypte en cette année présidentielle les grands mots qui, selon lui, minent politiciens et électeurs français depuis la Révolution française. L’essayiste en identifie huit : l’inconstance, le déclinisme, l’égalitarisme, le nationalisme, le conservatisme, l’extrémisme, l’intellectualisme et la discorde. Invité vendredi de la matinale d’Europe 1, le journaliste n’a pas manqué d’appliquer son diagnostic aux candidats lancés dans la course à l’élection présidentielle.
Déclinisme et discorde. "Il a fait hier un numéro qui était une quintessence de bonapartisme, donc il ne risquait pas de tomber dans le déclinisme, en revanche il risquait de se précipiter dans la querelle", a estimé Alain Duhamel à propos de Nicolas Sarkozy, invité jeudi soir de L’émission politique de France 2. Néanmoins, il pense que l’ex-chef de l’Etat "trouve une réponse au conservatisme". Toujours selon lui, Alain Juppé pourrait être un remède "à la discorde" et François Hollande "au déclinisme".
Quinze régimes en deux siècles. Mais pour Alain Duhamel, l'inconstance reste la première des "pathologies françaises". "C’est malheureusement une réalité depuis la fin de l’Ancien Régime. Avant, sous l’Ancien Régime il y avait la force pour réprimer l’instabilité et l’inconstance, depuis, il n’y a que de l’inconstance. Quinze régimes en deux siècles ! Aucun pays au monde n’a quinze régimes, donc quinze révolutions, donc quinze rejets … aujourd’hui, un sortant est un battu", déplore-t-il. Pour lui, "la politique des demi-mesures, qui est en fait celle qui est menée depuis trente ans, à gauche comme à droite", est actuellement la cause première de l’inconstance politique des Français.
Montagne russe. Concernant le "pessimisme", Alain Duhamel déclare : "Les Français sont des obsédés du déclin. Ça n’est pas nouveau, ça a commencé avec Voltaire et son livre Le Siècle de Louis XIV. […] Il y a des études régulières, les Français sont plus pessimistes que les Afghans. C’est quand même le monde à l’envers ! Néanmoins, "s’ils sont ceux qui dégringolent le plus vite, ils sont aussi ceux qui remontent". "L’Histoire de France, ça n'est pas une ligne droite, c’est une montage russe. On grimpe, on redescends... et on regrimpera évidemment !", plaisante encore le journaliste.