Le président de la République et le maire de Bordeaux se côtoient, s'apprécient, se ressemblent parfois. Mercredi dernier, Emmanuel Macron et Alain Juppé ont partagé un déjeuner. L'ancien Premier ministre l'a confirmé au micro d'Audrey Crespo-Mara, mercredi matin sur Europe 1.
"Des erreurs psychologiques". "On a parlé des différents sujets d'actualité, je n'ai pas l'habitude de dire en public ce qui s'est dit dans une réunion privée", a d'abord glissé l'édile bordelais. Les deux hommes travaillent depuis plusieurs semaines sur la restauration de la confiance entre l'Etat et les collectivités territoriales. Cette confiance qui a été, selon Alain Juppé, "compromise par certaines erreurs psychologiques qui ont été faites". Dès lors, il invite le président à écouter les maires qui, chaque jour, recueillent et relaient la parole des Français sur le terrain. "Ça peut être bon, pour un gouvernement, de s'en inspirer", souffle-t-il.
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Les réformes et l'intensité du rythme choisie ont pu crisper un certain nombre d'élus. "Il ne faut pas trop charger la barque, il faut discuter et expliquer. La pédagogie est essentielle", a conseillé Alain Juppé au chef de l'Etat. "Aujourd'hui, il y a ce grand débat sur le prix des carburants. Il faut rappeler quelle en est la cause. Ce n'est pas une décision gouvernementale, mais la hausse du baril", note-t-il, avant de nuancer son propos en évoquant la marge de manœuvre que pourrait avoir le gouvernement sur les taxes.
Des réformes "qui vont dans le bon sens". "Il faut poursuivre les réformes", juge Alain Juppé, car beaucoup d'entre elles "vont dans le bon sens". "Ce que fait Monsieur Blanquer à l'Education nationale est positif. Je le vois en tant que maire. Le dédoublement des petites classes a d'ores et déjà donné des résultats très positifs. Ce qui a été fait pour supprimer certaines rigidités sur le marché du travail est intéressant aussi. Les résultats ne sont pas encore là car la situation est compliquée. Mais je pense que ce serait une erreur d'abandonner cette volonté réformatrice, qui est nécessaire."
Des"maladresses" qui se corrigeront. Parfois critiqué pour sa courte expérience de la vie politique, et notamment celle du terrain, Emmanuel Macron a lui-même reconnu avoir commis des erreurs pendant son début de mandat. "C'est difficile la politique, ça demande un apprentissage, il faut acquérir un certain nombre de réflexes. Il a commis parfois des maladresses", a convenu Alain Juppé, qui conserve espoir et confiance. "Ça se corrige, des maladresses."
Pour autant, appartient-il à la majorité présidentielle ? Alain Juppé balaie l'idée. "J'aime beaucoup ma liberté, je regarde ce qui se passe, je porte des jugements… Je n'ai pas l'intention de m'engager de manière partisane."