Il ne mâche pas ses mots. Invité du Grand Rendez-Vous d’Europe 1/Les Echos/C-News, Eric Woerth a vivement critiqué le ralliement d’Edouard Philippe à Emmanuel Macron. "Je pense que, politiquement, il se fourvoie. Il est très difficile de refuser Matignon […] Il faut éteindre ses ambitions personnelles pour essayer de regarder quel est le collectif qui, derrière, peut-être le plus puissant. Edouard Philippe avait un rôle à jouer dans la victoire [des Républicains, ndlr] aux élections législatives", déplore le député de l’Oise.
Une forme de cynisme ? "Il va être, humainement, dans une position très difficile. Il va aller faire campagne contre les candidats qu’il a désignés lui-même dans la commission d’investiture des Républicains et du centre", souligne l’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy. "Il balaye tout ça d’un revers de la main en disant : 'je me battrai contre eux'. Ses propres amis, au premier sens du terme : amis politiques, amis de convictions, amis d’idées, amis de combats politiques. Comment peut-on faire ça humainement ? Comment peut-on avoir ce degré de cynisme ?".
Un jugement sans appel que justifie pourtant Eric Woerth : "la violence, c’est d’avoir accepté Matignon, de combattre ses propres amis, de combattre sa propre famille politique d’origine, de combattre ce qu’il est", martèle-t-il.
Les cas Darmanin et Le Maire
Après la nomination à Matignon d’Edouard Philippe, deux autres personnalités issues des rangs de la droite ont fait leur entrée au gouvernement : Bruno Le Maire à l’Economie et Gérald Darmanin aux Comptes publics. À leur égard aussi, Eric Woerth se montre particulièrement sévère : "On était ensemble la semaine d’avant avec François Baroin [et Gérald Darmanin, ndlr] pour soutenir les candidats du Nord sous l’étiquette LR-Centriste", rappelle Eric Woerth. "Le lendemain, il change de casaque, il change de maillot […] Je ne crois pas que ce soit une manière de faire. Il faut de la constance, il faut de la solidité, il faut de la cohérence".
Quant à Bruno Le Maire, nouvel homme fort de Bercy, Eric Woerth veut mettre en avant les divergences qui l'opposent, notamment sur le plan de la fiscalité, avec le chef de l'Etat. "Vous avez lu le programme de Bruno Le Maire ? Il faisait mille pages. [...] Bruno proposait une baisse de la CSG de 15 ou 16 milliards d’euros, il se retrouve avec une augmentation de 15 milliards ! Il y a 35 milliards de différence entre ce que Bruno Le Maire proposait et ce qu’il va faire".