L’ambigüité n’est plus permise. Après son discours sur sa vision de la France jeudi, François Hollande sera bien candidat à sa réélection. C’est la traduction unanime qu’en font éditorialistes et journalistes dans la presse vendredi matin. "Je ne laisserai pas l’image de la France, le rayonnement de la France, l’influence de la France s’altérer lors des prochains mois ou des prochaines années", avait lancé le président de la République, salle Wagram à Paris. Si le message a donc été reçu 5/5 par la presse, la stratégie de campagne qu’esquisse François Hollande divise néanmoins les journalistes.
Le président revêt ses habits de candidat. "Ce n’était pas une déclaration de candidature en bonne et due forme, mais cela y ressemblait fortement", commente ainsi La Dépêche qui ajoute qu’ "il n’y a pas de doute sur la détermination de François Hollande de briguer un nouveau mandat". "Il y croit encore", titre de son côté Le Courrier Picard, plus dubitatif alors que le chef de l’Etat est très impopulaire. "Face à une droite décomplexée et malgré son impopularité, le président de la République pose les bases de sa candidature à la présidentielle", écrit le quotidien. "Hollande est prêt pour le départ", affirme Libération Champagne qui sous-titre : "Lors d’un long discours d’un peu plus d’une heure, le président de la République a lancé, sans le dire et sans ménager ses rivaux, sa campagne de réélection pour 2017".
Libération salue "le réveil" de Hollande…Libération consacre également sa une au discours de Hollande, avec ce titre un brin moqueur : "Pépère se réveille", surnom apparu dans les couloirs de l’Elysée en 2013. A l’intérieur, une double page : "On a retrouvé François Hollande". L’édito, signé du directeur Laurent Joffrin, est néanmoins dithyrambique : François Hollande "vient de prononcer un de ses meilleurs discours de campagne. Très au-dessus, en tout cas, des déclarations de candidature qui ont fait florès depuis la fin de l’été". Le journaliste salue longuement la vision de la France développée par François Hollande : "La France est une idée, des principes universels, une culture politique née de la Révolution française, un message". Pour Laurent Joffrin, "c’est sous la férule de l’adversité que François Hollande a réussi à parler de nouveau à ses électeurs". Néanmoins, l’éditorialiste nuance : "Mais l’escalier est vertigineux. Pour le gravir, il y faudra, plus qu’un discours, des résultats et un projet".
…alors que la presse de droite fustige sa future stratégie de campagne. La presse de droite est beaucoup moins enthousiaste. "François Hollande a donc arrêté sa stratégie pour 2017. Ce sera 'moi ou le chaos', répliquant presque mot pour mot les propos du Général De Gaulle", écrit Nicolas Beytout dans L’Opinion. Une stratégie dont on devine qu’elle ne suffira pas pour le directeur du journal qui explique : "voilà qui est un peu court pour espérer conquérir les suffrages des Français, un peu court pour construire l’offre politique du prochain quinquennat".
La défiance est encore plus accentuée du côté du Figaro. Le discours de François Hollande ? Un mélange de "déni" et de "caricature", dénonce l’éditorialiste Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro. L’opposition est "prévue", poursuit-il : "le candidat Hollande ne fera pas dans la finesse". "Comment, en effet, interpréter autrement cette stupéfiante défense du 'modèle social' après quatre années de hausse massive du chômage ou ces accusations contre le programme supposé 'liberticide' de la droite dans une France menacée chaque jour par les djihadistes islamistes ?". En guise de conclusion, cette phrase : "Le Hollande candidat sera plus fulminant que le Hollande président, mais pas moins contradictoire".
Natacha Polony a consacré une partie de sa revue de presse sur Europe 1 à ce sujet :
Un président presque candidat !par Europe1fr