Pour le FN, la surenchère sécuritaire à droite est du pain béni

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David Doukhan

Dans le contexte terroriste, les stratèges du Front national constatent qu’une partie de la population se tourne naturellement vers eux.

Marine Le Pen, invitée vendredi du 20h de France 2, développera sa position dans la polémique qui fait rage entre la droite et le gouvernement au sujet de l’Etat de droit. "Il faut rappeler que la réponse est politique et que la préservation de l’Etat de droit, indispensable, et sur laquelle nous ne transigerons pas, passe d’abord par l’application des lois et des peines", expliquait-elle dans un communiqué après l'assassinat mardi du prêtre Jacques Hamel. Alors que les Français sont en colère, apeurés, Marine Le Pen ne surfe pas sur les peurs et se pose en garante de l’Etat de droit. Surprenant ? Pas vraiment. Car dans le contexte terroriste, les stratèges du FN constatent qu’une partie de la population se tourne naturellement vers eux.

Nul besoin de crier plus fort. Le FN, c’est son image, est perçu comme un parti de l’autorité. Marine Le Pen n'a nul besoin de donner des coups de menton, ou de crier plus fort que les autres. En revanche, comme l'indiquent des sondages qualitatifs, les Français sont toujours inquiets quant à sa capacité à mettre en pratique les mesures qu'il préconise. C’est pour cela que la présidente du FN a accueilli comme du pain béni le spectacle de surenchère donné par la droite, commencé avec les lance-roquette d’Henri Guaino et qui se termine par les appels à enfermer les suspects a priori et donc l’abandon de l’Etat de droit.

Une respectabilité à peu de frais. Marine Le Pen a trouvé un discours plus radical que le sien et elle fait le calcul qu’il lui bénéficiera de toute façon, selon le vieux précepte : "les Français préféreront l’original à la copie". Elle s'achète ainsi, à peu de frais, une respectabilité.

Son point faible ; elle inquiète. Son point faible reste toutefois qu’elle inquiète encore beaucoup d’électeurs potentiels, notamment les personnes âgées, qui jugent qu’elle représente une trop grande incertitude pour l’avenir. En disant : avec moi les libertés individuelles seront garanties, l’Etat de droit sera protégé, Marine Le Pen s’attache à contrer cette image.

La présidentielle se fera sur la menace terroriste. Marine Le Pen aura attendu quatre jours pour s’exprimer dans les médias après l’assassinat du prêtre Jaques Hamel. Sans précipitation. La campagne présidentielle se fera sur la menace terroriste. La candidate du Front national aborde l’échéance sereinement. Ses adversaires, à gauche comme à droite, ne donnent pas ce sentiment. La question est : s’en rendent-ils compte ?