François Hollande sera le premier président à commémorer les victimes de la guerre d'Algérie le 19 mars. Cinquante-quatre ans après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu qui a suivi les accords d'Evian, le président prononcera un discours au Quai Branly.
Une date contestée. Ce choix est basé sur le calendrier commémoratif officiel, puisque depuis 2012 et le vote d'une proposition de loi en ce sens, le 19 mars est la "journée national du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". Mais il reste très contesté par la droite, qui entreprend chaque année de boycotter les cérémonies. Cette année, le président des Républicains est allé jusqu'à signer une tribune dans Le Figaro, dans laquelle il a accusé François Hollande d'"entretenir la guerre des mémoires".
"Une date triste". L'ancien chef de l'Etat n'est pas le seul à s'indigner. Les Pieds-noirs, eux, se disent blessés, estimant qu'une commémoration le 19 mars est une insulte à la mémoire, une faute historique après tant de souffrances. Et pour cause, pour eux, cette date reste celle d'un jour de deuil. "C'est une honte", réagit l'un de ces rapatriés. "Il y a eu tellement d'attentats et d'exactions après, ce n'était pas un cessez-le-feu", juge-t-il. Pour un autre, le 19 mars 1962 marque bien les accords d'Evian mais "pas la fin de la guerre". "C'est pas quelque chose à commémorer, c'est une date triste pour nous. Après le 19 mars, il y a eu énormément de morts."
"Marre de cette repentance". "On a tout laissé ce jour-là, on est partis, comme les réfugiés qui arrivent maintenant", abonde Jacqueline, qui avait 30 ans lorsqu'elle a quitté l'Algérie. Bernard, qui préside l'association "La maison du Pied-Noir" au Cannet, dans les Alpes-Maritimes, estime que le 19 mars rime avec "repentance". "Nous, les Pieds-Noirs, on en a marre de cette repentance. Monsieur Hollande ne soutient pas les Français que nous sommes, et c'est révoltant. On rouvre une blessure."
La députée-maire (LR) du Cannet, Michèle Tabarot, a d'ailleurs écrit au président pour lui demander de renoncer à sa participation aux commémorations, estimant qu'il s'agissait d'une "faute historique et symbolique".
Je demande au Président de renoncer aux commémorations du 19 mars 1962 #PiedsNoirs#Harkishttps://t.co/3gTw6hJGQEpic.twitter.com/o2zTyw1hwb
— Michèle Tabarot (@MTabarot) 14 mars 2016