L'ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, estime mercredi qu'il était "justifié à certains endroits, pour des raisons d'ordre public, d'interdire le burkini", même si cela constitue du point de vue de la laïcité "une formidable défaite".
"Une formidable défaite". "Il était justifié à certains endroits, pour des raisons d'ordre public, d'interdire le burkini. Il est indispensable de mener une bataille politique, idéologique, pour dire que ce vêtement est contraire à l'idée que nous nous faisons de la civilité et de l'égalité entre homme et femme" affirme celui qui a quitté Bercy fin août dans un entretien à l'hebdomadaire "Le 1". "Il est en même temps indispensable de défendre la liberté individuelle si certains veulent s'habiller d'une certaine façon. C'est une formidable défaite de voir des policiers arriver sur une plage et demander à une femme, au nom de la laïcité, de ne plus porter un burkini", se désole Emmanuel Macron.
"Rendre l'individu autonome". "Le but de la laïcité, le projet républicain, c'est de rendre l'individu autonome dans la société et de rendre la société autonome au regard du religieux et du politique", dit-il en mettant en garde ceux qui veulent "défendre la laïcité de manière revancharde". "Quand nous sommes faibles, quand nous acceptons que, pour des raisons religieuses ou politiques, certains ne respectent plus les règles de la République, nous affaiblissons la capacité de celle-ci à maintenir la société dans son ensemble" estime-t-il aussi.
"Le burkini n'est pas cultuel". Pour lui, "le burkini n'est pas cultuel. C'est culturel, idéologique, politique. Il faut réussir à préserver les libertés individuelles, l'ordre public, mais surtout la juste place de la réponse de l'État. Si nous tombons dans le piège, le risque en retour est de séparer toute une communauté de Français qui existe dans le champ social et politique, qui a sa propre foi, et qui se sentira exclue de par sa foi en raison de notre réponse."