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Europe1.fr , modifié à
Le réchauffement climatique pourrait être pire que prévu, selon de nouvelles simulations. Le climatologue Olivier Boucher, coauteur de l'étude, était l'invité d'Europe 1 pour commenter ces nouvelles estimations.
INTERVIEW

6,5 à 7°C d'ici 2100. C'est la température que prévoit le pire scénario climatique établi par une étude de scientifiques français, dévoilée mardi. Le réchauffement climatique pourrait donc être pire que prévu. Olivier Boucher, climatologue à l’Institut Pierre Simon Laplace et directeur de recherche au CNRS, était sur Europe 1 pour commenter ces nouvelles estimations. Il est par ailleurs coauteur de l'étude. 

Dans le scénario le plus pessimiste, basé sur une croissance économique rapide alimentée par les énergies fossiles, la hausse de la température moyenne mondiale atteint 6,5 à 7°C en 2100. Dans le dernier rapport du GIEC de 2014, le pire scénario prévoyait +4,8°C par rapport à la période pré-industrielle.

"Il n'est pas trop tard", tient toutefois à rassurer Olivier Boucher. Il poursuit : "Il faudra s’adapter au réchauffement climatique en cours dans les prochaines décennies. Mais il faudra aussi préparer la deuxième partie du XXIème siècle en réduisant le plus rapidement possible les émissions de gaz à effet de serre de manière à pouvoir stabiliser ce réchauffement climatique".

"Une augmentation des canicules en nombre et en intensité"

Sinon, des multiplications des vagues de chaleur sont à craindre : "On peut s’attendre à une poursuite du réchauffement avec une augmentation des canicules, non seulement en nombre mais aussi en intensité. Il y aura aussi des changements au niveau des précipitations notamment sur le pourtour méditerranéen avec un assèchement de ces régions là".

Les scientifiques ont aussi soumis leurs modèles climatiques à d'autres scénarios. Le plus optimiste, basée sur une forte coopération internationale et la priorité donnée au développement durable, permettrait "tout juste" de rester sous l'objectif de 2°C de réchauffement et "au prix d'un dépassement temporaire de l'objectif de 2°C au cours du siècle". Ce scénario implique la diminution immédiate des émissions de CO2, la neutralité carbone à l'échelle du globe en 2060 et une captation de CO2 atmosphérique de l'ordre de 10 à 15 milliards de tonnes par an en 2100, ce qui techniquement est incertain.

"Il faudra aller rechercher du CO2 dans l’atmosphère"

Le scénario le plus optimiste implique également de grandes innovations technologiques. Olivier Boucher explique : "Le scénario qui permet de s’approcher des 2°C nécessite de réduire les émissions le plus rapidement possible, avec des technologies qui sont là et d’autres pas encore, jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2060-2080. Ensuite, il faudra aller rechercher du CO2 dans l’atmosphère, cela s'appelle des émissions négatives, le capter et l’enfouir sous terre avec des technologies dont on a une idée de ce qu’elles pourraient être mais dont on ne sait pas si elles pourraient être mises à l’échelle et avoir un impact sur le climat".

L'Accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit de limiter le réchauffement de la planète bien en-dessous de 2°C, voire 1,5°C. Le monde n'en prend pas le chemin, puisque les engagements pris jusqu'à présent par les Etats entraîneraient un réchauffement de 3°C. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a d'ailleurs convoqué un sommet lundi à New York pour appeler les dirigeants mondiaux à rehausser leurs ambitions.