Emmanuel Macron fête lundi son premier trimestre passé à l'Elysée. Un premier bilan marqué par une franche rupture de style avec la précédente présidence, mais aussi une rupture avec l'opinion : le chef d'Etat, qui se montre particulièrement avare d'interviews, connaît une chute dans les sondages parmi les plus rudes de la Ve République. Pour renouer le dialogue, les militants d'En Marche ! ont entamé un tour de France en camping-car et vont à la rencontre des vacanciers. Dans leurs sacs : des "cahiers d'été" sur le style Macron et les grands chantiers du gouvernement. Reportage.
Un public choisi. Avec leurs paquets de cahiers bleus à la main, une poignée de militants parcoure Nice. L'accueil est bon car le lieu choisi est stratégique : pas question d'aller dans les quartiers étiquetés à droite, ces partisans d'Emmanuel Macron préfèrent rester sur une avenue populaire et touristique. À travers la vingtaine de pages du fascicule qu'ils distribuent, aucune photo du président mais des articles sur le climat et les projets de la rentrée, un poster a colorié ou même un quizz - "Parles-tu le Macron?" - , avec des formules chocs de la campagne comme le fameux "poudre de perlimpinpin". "Ça n'est pas des expressions que j'emploie souvent", relève un passant, amusé.
Un cahier de 20 pages qui sera distribué cet été par les comités locaux d'En Marche. Ca devrait vous plaire ! pic.twitter.com/JA61e9wkjk
— Yanis Roussel (@YanisJGR) 21 juillet 2017
La démarche a de quoi surprendre de la part d'un parti de gouvernement, et pourrait presque paraître parodique tant le ton est par endroit décalé. "C'est important de ne pas seulement se faire connaitre à travers les médias, mais de laisser les militants parler du mouvement", estime une passante.
Convaincant ? Parfois, le débat s'engage avec les militants sur les premières mesures du quinquennat : "On supprime la taxe d'habitation, ça fait quasiment un loyer de plus. Ensuite, la part salariale est redistribuée sur la fiche de paie, c'est quasiment un troisième mois", argumente un marcheur. Pour Aziz, militant de la première heure, la distribution de ces cahiers de vacances est l'occasion, trois mois après la fin de la présidentielle, de continuer à faire de la pédagogie sur le programme du nouveau locataire de l'Elysée. "Il est important de maîtriser notre programme et de pouvoir l'expliquer, parce que tous les sujets n'ont pas été abordé en profondeur", reconnaît-il.
Reste une question : ces cahiers suffiront-ils à convaincre les sceptiques ? Au milieu des remarques amusées sur la forme, quelques critiques sur le fond pointent aussi le bout de leur nez. A l'image de cette passante, qui lâche : "Les impôts vont finir par nous mettre dans la merde".