Le Premier ministre multiplie les déplacements dans son fief. Avec les législatives en tête, pour s’organiser un point de chute.
Pour Manuel Valls, difficile d’imaginer de quoi 2017 sera fait. Alors que la piste d’une candidature à la présidentielle s’éloigne, face à la volonté de plus en plus claire de François Hollande de se représenter et le foisonnement des candidatures potentielles, le Premier ministre prépare déjà son avenir politique. Dans l’hypothèse, plausible sinon probable, qu'il ne sera plus à Matignon à partir de mai 2017, c’est tout naturellement dans sa chère ville d’Evry, dans l’Essonne, qu’il imagine son point de chute. Rien d’officiel évidemment, mais les signaux sont tels qu’ils ne laissent guère de place au doute.
Omniprésent depuis un mois. Depuis son entrée au gouvernement, en mai 2012, et même depuis son accession à Matignon, en mars 2014, Manuel Valls n’a certes jamais oublié Evry. Il en est d’ailleurs resté conseiller municipal. Mais depuis un mois, le Premier ministre est omniprésent dans la préfecture de l’Essonne. Un rapide coup d’œil à son compte Twitter, où chaque visite est relayée, permet de le mesurer : 23 août, commémoration de la Libération d’Evry. 25 août, centenaire de deux Evryennes. 31 août, inauguration d’une école. 1er septembre, Fête du sport. 10 septembre, méchoui dans un quartier. 18 septembre, fête des associations et accueil des nouveaux Evryens. Et samedi prochain, le 24 septembre, il inaugurera Etoile, un laboratoire de grandes écoles d’ingénieurs. Des rendez-vous d’importance, certes, mais où l’on attend plus un élu local que le chef du gouvernement.
Quel rôle après 2017 ? Cette omniprésence s’explique simplement : 2017 approche, et avec elle la présidentielle, bien sûr, mais aussi les élections législatives. "Manuel Valls entre doucement en campagne", admet dans Le Figaro Francis Chouat, l’un de ses très proches, qui l’a remplacé à la mairie d’Evry. Pour le poste suprême, c’est quasiment plié. François Hollande a montré trop de signes récents d’une nouvelle candidature. Et même si le président sortant n’y allait pas, une candidature du Premier ministre serait à haut risque, avec la concurrence à sa gauche, mais aussi celle d’Emmanuel Macron, qui lui dispute la ligne social-libérale et le volontarisme réformisme. Alors il faudra peser ailleurs.
Si la gauche l’emporte, difficile d’imaginer un nouveau bail à Matignon. La présidence de l’Assemblée serait une option. Et si la gauche perd, ce qui est une hypothèse pour le moins envisageable, il faudra reconstruire un Parti socialiste en lambeau. Manuel Valls n’a jamais caché sa volonté de transformer son parti. Il lui faudra pour cela une légitimité populaire. Et donc, a minima, un poste de député.
Le choix de la sécurité. A Evry, Manuel Valls ne risque théoriquement pas grand-chose. En 2012, il l’avait emporté avec 65,58% des voix. Le contexte ne sera évidemment pas le même, puisque la gauche a beaucoup perdu en popularité en cinq ans. Mais dans les élections intermédiaires, le Ps a fait mieux que résister dans le bastion du Premier ministre. Aux dernières élections départementales, le binôme socialiste avait remporté 41,8% des voix au premier tour (et 72,8% au second tour, mais c’était face au seul Front national). En toute logique, la circonscription est donc plus que gagnable, surtout pour un ancien Premier ministre. Il sera alors temps, pour Manuel Valls, de voir plus loin. 2022, précisément.