Pourquoi le FN a réussi son premier tour

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Si Marine Le Pen n’est arrivée qu’à la deuxième place du premier tour dimanche soir et ne part pas favorite pour la victoire finale, les motifs de satisfaction restent nombreux pour sa formation politique. 

Marine Le Pen est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle, mais elle ne part pas vraiment avec la faveur des pronostics. Devancée par Emmanuel Macron dimanche à l’issue du premier tour, la présidente du FN est en effet donnée perdante par les sondages d’intentions de vote et par la grande majorité des observateurs. Pourtant, une analyse plus poussée des résultats peuvent l’inciter à l’optimisme. Record de voix, première place dans de nombreuses collectivités, mairies frontistes fidèles... Autant d’éléments qui appellent à la prudence quant au résultat du 7 mai.

  • Un record en nombre de voix

Jamais dans son histoire, le Front national n’avait réalisé un tel score à des élections. C’est vrai en termes de pourcentage pour une présidentielle, puisque le record de Jean-Marie Le Pen, 17,79%  au second tour en 2002, est largement battu, Marine Le Pen ayant réalisé dimanche un score de 21,43%. Mais c’est surtout vrai en nombre de suffrages recueillis.

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Jusqu’alors, le record datait des régionales de 2015, avec 6.820.477 voix. C’est cette fois beaucoup mieux avec, selon les résultats définitifs, 7.679.493 suffrages obtenues. Soit une progression de près de 1,3 million de voix par rapport à 2012. La barre symbolique des 10 millions de voix, plus de 20% des inscrits, pourrait être franchie au deuxième tour.

  • En tête dans un nombre écrasant de communes…

En la matière, c’est un raz-de-marée. Marine Le Pen arrive en tête dans plus d’une commune sur deux. Selon l’Ifop, ce sont 19.037 villes et villages, sur les près de 36.000 que compte le pays, qui ont placé la présidente du FN en première position. C’est beaucoup mieux qu’Emmanuel Macron (7.264), François Fillon (5.580) et Jean-Luc Mélenchon (3.486). Puisque la candidate frontiste est arrivée en deuxième position derrière le fondateur d’En Marche !, et qu’elle ne devance ses deux autres adversaires que de plusieurs centaines de milliers de voix, l’enseignement coule de source : c’est dans les petites communes, par essence rurales, que Marine Le Pen réussit ses meilleurs scores.

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  • …Et dans la majorité des départements

Là encore, Marine Le Pen bat tous les records. La présidente du FN arrive en tête dans 47 départements de métropole et d’outre-mer, soit le meilleur total de tous les candidats engagés. Emmanuel Macron doit en effet se contenter de la première position dans 42 territoires, alors que François Fillon et Jean-Luc Mélenchon sont à égalité avec 6 départements remportés.

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La candidate frontiste fait au passage mieux que son père, qui était arrivé en tête dans 35 départements en 2002. Si elle ne réédite pas la performance du paternel en Haute-Savoie, Savoie, Isère et Rhône, elle arrive en tête dans des territoires jusqu’alors dévolus à la droite, que sont la Corse  - les deux départements -, la Marne, le Loiret, le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir ou à la gauche, l’Aude, la Nièvre et le Tarn.

Rappelons qu’en 2012, quand elle était arrivée troisième de l’élection présidentielle, derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy, elle n’était arrivée en tête que dans un seul département, le Gard. La progression est donc fulgurante.

  • Les communes frontistes restent fidèles

C’est sans doute l’une des plus grandes satisfactions de Marine Le Pen, même si pour l’heure elle est restée discrète sur le sujet. Sur les onze communes remportées par son parti lors des municipales de 2014, dix l’ont porté en tête : Villers-Cotterêts (Aisne), Le Pontet (Vaucluse), Beaucaire (Gard), Fréjus, Le Luc, Cogolin (Var), Hayange (Moselle), Béziers (Hérault), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et le très peuplé 7ème secteur de Marseille (Bouches-du-Rhône). Le parti y verra sans doute le signe que les populations administrées par le Front national sont dans l’ensemble satisfaites de la gestion de leur maire.

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À Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, en revanche, Marine Le Pen n’arrive qu’en deuxième position, derrière Jean-Luc Mélenchon. 

  • La ruralité acquise à sa cause

La carte des départements dessine une fracture géographique assez frappante entre une moitié ouest du pays, encore réfractaire au Front national et l’est, le nord et le sud-est  - à l’exception notable de cinq départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes -, dont les départements ont dans l’ensemble porté la présidente du FN en tête.

Mais la fracture n’est pas seulement géographique. Elle est aussi sociologique. Dans plusieurs départements où elle est arrivée en tête, la plus grande ville du territoire a voté à contre-courant. C’est, comme le relève Le Monde, le cas par exemple du Bas-Rhin (24,89% dans le département, 12,17% à Strasbourg), de l’Hérault (25,70% contre 13,32% à Montpellier) ou encore du Nord (28,22%, 13,83% à Lille). Et à Paris, la présidente du FN recueille moins de 5% des voix.

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Cela montre que c’est dans les zones rurales et péri-urbaines que l’électorat de Marine Le Pen se concentre. A contrario, dans les grandes villes, qui comptent près de deux tiers des électeurs, le FN réalise des scores encore faibles. La présidente du mouvement frontiste sait donc où elle doit porter son effort.