Pourquoi les maires ont le blues

De nombreux maires ont le sentiment d'être "pris en tenaille" par l'État, selon Bruno Cautrès. © SYLVAIN THOMAS / AFP
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Thibaud Le Meneec

Une étude du Cevipof avance qu'un maire sur deux envisage de ne pas se représenter en 2020. Le symbole d'une "très grave crise d'identité", selon le politologue Bruno Cautrès, invité d'Europe 1, jeudi.

Les maires de France n'ont pas le moral. Selon une enquête du Cevipof publiée jeudi dans Le Monde, plus d'un édile sur deux (51,1%) envisage de ne pas briguer un autre mandat aux prochaines élections municipales, en 2020. "Les motivations pour ne pas se représenter trahissent un très grand coup de fatigue des maires", affirme Bruno Cautrès, politologue, chercheur au Cevipof et invité de Matthieu Belliard sur Europe 1, jeudi soir.

 

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"Dépossédés de leurs fonctions". "Rouages essentiels de notre démocratie", seule catégorie d'élus à tirer son épingle du jeu dans le baromètre annuel de la confiance politique, les maires ont pourtant "le sentiment général d'être dépossédés de leur responsabilités administratives et politiques par la recentralisation de l'État, qui les prive également de moyens", explique le politologue. 

Entendu sur europe1 :
Les maires ressentent leurs administrés comme des consommateurs plutôt que comme des citoyens

Plus généralement, les maires se sentent "totalement dépossédés de leurs fonctions. Ils ressentent leurs administrés comme des consommateurs plutôt que comme des citoyens. C'est une très grave crise d'identité que les maires nous ont déclarée."

Huit maires sur dix contre la réforme de la taxe d'habitation. Un élément cristallise ce mélange d'angoisse, de lassitude et de colère : la suppression progressive de la taxe d'habitation à l'horizon 2021. 82% des maires estiment que cette réforme n'est pas une mesure favorable pour le pouvoir d'achat des Français et ils sont 83% à considérer qu'elle n'est pas pertinente. Signe qu'à quelques jours du congrès annuel de l'Association des Maires de France, du mardi 20 au jeudi 22 novembre, la relation n'est pas au beau fixe entre l'exécutif et les maires.

Une crise plus large. Plus globalement, le "gros coup de blues des maires" est le symptôme d'une crise plus large, avance le politologue. "Seul un tiers des Français estime que la démocratie fonctionne bien. N'oublions pas les taux d'abstention aux élections autres que présidentielles : 40% aux municipales, plus de 50% aux dernières législatives… "

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"Emmanuel Macron a promis de redonner de la vitalité démocratique français, on voit qu'on n'y est pas encore", observe Bruno Cautrès. "D'ailleurs, il a reconnu mercredi [lors de son interview à TF1, NDLR] qu'il n'était pas arrivé à retisser ce lien entre les Français et leurs élus."