"Empêcher les fantasmes de prospérer", voilà l'objectif qu'affirme vouloir atteindre Sibeth Ndiaye. Tandis que 15.000 personnes militaient ce samedi contre les violences policières et le racisme, la porte-parole du gouvernement a signé une tribune dans le quotidien Le Monde et repose la question des statistiques ethniques. Interdites depuis la loi informatique et liberté de 1978, à quelques exceptions comme la recherche, ces données permettraient selon Sibeth Ndiaye de "nommer les choses, de dire qu'une couleur de peau n'est pas neutre, qu'un nom ou un prénom stigmatise".
Mesurer la diversité et lutter contre les discriminations
Avoir des chiffres précis sur les différentes ethnies qui composent le peuple français permettrait en outre, toujours selon la porte-parole, de mesurer la diversité, mais aussi de lutter contre les discriminations. Ces statistiques sont d'ailleurs une pratique habituelle dans certains pays comme les États-Unis, où chaque citoyen déclare aussi une catégorie ethnique à l'état civil.
Des chiffres "dangereux" ?
Mais importer ce concept en France est une pente glissante et très dangereuse pour Hervé le Bras, démographe et directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales. "À partir du moment où toute personne est obligée de se classer dans un groupe, ça devient dangereux parce qu’elle devient de plus en plus un membre de ce groupe", explique-t-il au micro d'Europe 1. Cette classification "augmente donc le communautarisme, mais aussi le danger que la majorité soit de plus en plus hostile aux minorités : elle se reconnaîtrait en tant que majorité, ce qui n'est pas du tout le cas en France."
Quid des catégories
Sans compter que ces statistiques posent avant tout la question des catégories elles-mêmes, qui sont souvent arbitraires. Si la Russie en dénombre plus de 150, elles sont seulement cinq au Brésil. Si la proposition fait son chemin, le premier obstacle sur sa route sera donc de dégagé dans un premier temps un consensus sur ce point.