Dans la nuit de lundi à mardi (1h30 heure française), François Hollande a donné sa première conférence en tant qu'ancien président, à Séoul, au prestigieux sommet le "World Knowledge Forum". Une conférence généreusement rémunérée pour un ancien chef de l'État qui avait promis qu'il ne se livrerait pas à ce genre d'exercice une fois l'Élysée quittée. Il en a néanmoins profité pour dénoncer la "double faute" de Donald Trump sur le nucléaire iranien.
Des conférences présidentielles rentables. Nicolas Sarkozy en faisait un motif de fierté : "Un jour, j'irai faire du fric", annonçait-il déjà à l'Élysée. Il n'était pas mécontent d'ébruiter le tarif VIP de ses conférences, avec rémunération dépassant parfois les 100.000 euros. Mais pour François Hollande, pas question, disait-il, de monnayer son CV d'ancien président dans ce genre d'événements privés où il croisera cette année l'ancienne candidate à la Maison-Blanche Hillary Clinton.
"Un sujet qui lui tient à cœur". Alors pourquoi avoir accepté ? "Parce que le sujet lui tient à cœur", a-t-on confié à Europe 1. L'entourage de François Hollande insiste : "L'argent n'a jamais été sa priorité, ce n'est pas sa motivation principale. D'ailleurs sa prochaine conférence au Portugal ne sera pas rémunérée." Et en cas de scepticisme, un proche précise aussi que François Hollande a décidé de faire don d'une partie de cet argent à "La France s'engage", la fondation qu'il dirige. Un don dont le montant n'a pas été communiqué.
Charge contre la politique étrangère de Donald Trump. Quoi qu'il en soit, l'ancien président a mis à profit son heure de discours consacrée aux enjeux géopolitiques. Prolifération nucléaire, climat, protectionnisme, multilatéralisme... L'ex-président français s'est fendu d'une charge en règle contre l'action du président américain et "l'imprévisibilité" en matière de diplomatie.
Empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire. "La décision de Donald Trump de ne pas certifier l'accord [sur le nucléaire iranien] et de demander au Congrès de durcir les sanctions constitue à mes yeux une double faute", a-t-il déclaré. François Hollande a d'une part estimé que c'était "méconnaître l'objet même de la négociation", qui avait pour but "d'empêcher l'Iran d'accéder à l'arme et non à ce stade encore de lui faire changer sa politique, même si c'était le pari que l'accord contenait".
"Un accord se respecte dans la durée". L'ex-président français a, d'autre part, accusé Donald Trump de "jeter le discrédit sur de futures négociations si elles s'ouvraient avec la Corée du Nord". "Faut-il encore démontrer qu'un accord se respecte dans la durée, car c'est même la condition de sa crédibilité", a développé l'ancien chef de l'État.
"C'est pourquoi ce qui se passe pour l'Iran est fâcheux pour la Corée et je souhaite donc que le Congrès américain préserve l'acquis de la négociation." "Car en cette matière, face à cet enjeu de la prolifération nucléaire, le monde a besoin de certitude, de constance, de stabilité", a-t-il poursuivi : "Le pire c'est l'imprévisibilité qui peut conduire à l'irrationalité."
"La tentation du chacun pour soi". François Hollande a également fustigé la dénonciation par Donald Trump de l'accord de Paris sur le climat, qui était une des fiertés de son quinquennat : "La tentation du chacun pour soi, qui est pourtant absurde en matière d'environnement, s'en trouvera favorisée", a-t-il anticipé.