"C'est malheureux, ça me fait vraiment mal au cœur", s'agace cette femme avant de glisser sa carte d'électeur dans l'urne qui, une fois n'est pas coutume, a pris la forme d'un cercueil. Comme plus de 4.000 autres personnes, cette habitante d'un village qui borde l'aéroport de Nantes-Atlantique était vendredi à Saint-Aignan de Grandlieu, près de Nantes, pour se débarrasser de ce bout de papier très symbolique. Le cercueil bleu-blanc-rouge doit ensuite être porté jusqu'à l'Élysée samedi matin, vers 11 heures.
"Des zadistes qui l'emportent sur le droit". Une opération destinée à dénoncer ce que ces riverains estiment être un déni de démocratie après l'abandon de Notre-Dame-des-Landes. "Non, ça ne passe toujours pas", confesse un homme deux mois après l'annonce du Premier ministre de conserver l'aéroport de Nantes-Atlantique. "C'est un déni de démocratie, c'est grave que l'État ait cédé face à une poignée d'ultras." "Des zadistes qui l'emportent sur le droit, c'est une révolte", abonde une femme.
"Un coup de poignard". Si l'amertume est grande chez ces riverains, c'est qu'eux vont continuer de subir les nuisances de l'aéroport de Nantes-Atlantique. Et ce, alors qu'ils avaient été invités à s'exprimer, lors d'une consultation locale, en juin 2016. À l'époque, le "oui" en faveur de Notre-Dame-des-Landes l'avait emporté à 55%. Alors les mots d'Edouard Philippe ont été vécus comme "un coup de poignard". Un coup de poignard d'ailleurs représenté sur le cercueil, avec un dessin d'une Marianne frappée en plein cœur avec un couteau.
Un recours au Conseil d'État. Le maire de Saint-Aignan de Grandlieu soutient l'initiative. Et attend parallèlement des nouvelles d'un recours qu'il a déposé devant le Conseil d'Etat pour obtenir des mesures de protection de sa population. Une demande pour "déplacer les écoles et la maison de l'enfance" mais aussi mettre en place "un couvre-feu la nuit pour éviter les vols de nuit qui réveillent un grand nombre de personnes". Une délégation de mécontents espère être reçue samedi, en fin de matinée, par des conseillers d'Emmanuel Macron.