Présidentielle : quel vote dans les communes qui ont fait l'actualité sociale du quinquennat Hollande ?

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© SEBASTIEN BOZON / AFP
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Notre-Dame-Des-Landes, Sivens, l’usine Alstom à Belfort, l’usine Whirlpool à Amiens, les abattoirs Gad, Florange, ont été autant de luttes sociales qui ont marqué le quinquennat. Cela s’est ressenti sur le vote… ou pas. 

Le quinquennat de François Hollande n’a pas été sans heurts au niveau des luttes sociales. Plusieurs lieux sont devenus emblématiques de ces mouvements soit parce qu’ils concernaient une fermeture d’usines importantes, soit parce qu’ils concernaient des Zones à défendre (ZAD) particulièrement actives. Nous avons retenu six lieux pour observer comment les électeurs, forcément impactés par ces luttes, se sont comportés dimanche lors du premier tour de l'élection présidentielle. Parfois, l’influence des mouvements sociaux est patente. D’autres fois, quand le territoire concerné est le plus grand, beaucoup moins. Même si une constante se dégage : jamais François Fillon, le candidat de la droite, n’apparaît dans le trio de tête.

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  • Notre-Dame-des Landes et Sivens votent pour Mélenchon

Les territoires qui comportent une ZAD en leur sein ont semble-t-il été sensibles au discours particulièrement volontariste de Jean-Luc Mélenchon en matière d’écologie. Dans les cas de Notre-Dame-des-Landes et de Sivens, le candidat de La France insoumise s’est clairement prononcé pour la fin des projets contestés, d’un aéroport pour l’un, de grand barrage pour l’autre. Dans ce dernier cas, la contestation avait été marquée par la mort tragique en octobre 2014 d'un militant, tué par la grenade d'un gendarme. 

A Notre-Dame-des-Landes, Jean-Luc Mélenchon arrive nettement en tête, avec 30,60% des voix, loin devant Emmanuel Macron (18,82%) et Marine Le Pen (18,52%), qui se sont tous deux montrés moins catégoriques sur le projet d’aéroport. Et à Lisle-sur-Tarn, commune de 4.500 habitants concernée au premier chef par le projet du barrage de Sivens, c’est là encore le candidat de La France insoumise qui arrive en tête avec 23,83% des suffrages exprimés, devant Marine Le Pen (21,82%) et Emmanuel Macron (19,54%). Et dans les deux cas, difficile d’imaginer que les électeurs n’ont pas voté avec ces projets controversés en tête.

  • Florange penche pour Le Pen

Pour certains, l’exemple de Florange est le premier signe du renoncement du gouvernement de François Hollande à ses promesses. Pendant la campagne, le candidat socialiste promet que les hauts fourneaux de l’usine sidérurgique de cette commune de Moselle ne fermerait pas. C’est pourtant le cas en avril 2013. Certes, l’usine ne fermera pas, des activités étant maintenues, mais dans les faits, des milliers d’emplois disparaissent. Quatre ans plus tard, la colère se manifeste dans les urnes, puisque c’est Marine Le Pen qui arrive en tête avec 29+,84% des voix, suivie par Jean-Luc Mélenchon (29,84%). Le troisième, Emmanuel Macron, est loin derrière (18,53%)

  • A Belfort, un effet Alstom pour Mélenchon ?

Jean-Luc Mélenchon a toujours été très actif sur le dossier Alstom. Il est ainsi monté au créneau en septembre 2016 quand l’usine de Belfort, emblématique du groupe industriel français, était menacée de fermeture. Sa solution ?  La nationalisation pure et simple de l’entreprise. Et si les électeurs n’avaient pas été insensibles aux arguments du candidat de La France insoumise ? Il n’est pas interdit le de le penser, puisque dans cette commune très attachée à son usine, grosse pourvoyeuse d’emplois, c’est lui qui arrive en tête, avec 23,32% des voix. Même si les deux candidats arrivés en tête au plan national, Emmanuel Macron (21,65%) et Marine Le Pen (20,31%) suivent de près.

  • Chez Gad, pas de rancune pour Macron ?

Nommé ministre de l’Economie le 26 août 2014, Emmanuel Macron créé la polémique moins d’un mois plus tard. Sur Europe 1, il affirme publiquement qu’une partie des salariés des abattoirs Gad, situés sur la commune de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, alors même que leur usine est menacée de fermeture, sont "illettrés". Le jeune ministre présentera des excuses publiques dès le lendemain à l’Assemblée nationale. Les abattoirs finiront par fermer, laissant 900 employés sur le carreau. En avril 2017, selon Franceinfo, une cinquantaine n’avait toujours pas retrouvé de travail, et seulement un tiers avait retrouvé un emploi durable dans le département. Pour autant, les électeurs de la commune ne semblent pas garder une rancune tenace à Emmanuel Macron, puisque dimanche, c’est lui qui est arrivé en tête avec 23,83% des voix, devant Jean-Luc Mélenchon (19,86%) et Marine Le Pen (17,42%).

  • Amiens (pour l’instant) fidèle à Macron

Amiens, c’est la ville natale d’Emmanuel Macron. C’est aussi le siège d’une usine Whirlpool menacée de délocalisation en Pologne, qui emploie plus de 500 personnes, directement ou indirectement. L’affaire a été plusieurs fois évoquée pendant la campagne. Pour autant, c’est bien le fondateur d’En Marche ! qui est arrivé en tête dans la préfecture de la Somme, avec 28,01% des suffrages, devant Jean-Luc Mélenchon (24,87%) et Marine Le Pen (18,42%). Emmanuel Macron a prévu de rendre visite aux employés de l’usine entre les deux tours. Il y est attendu de pied ferme. Avec des solutions concrètes.