L’élection présidentielle de 2017 est imprévisible. À cinq mois de l’échéance, personne ne peut encore dire qui s’affrontera au second tour.
Le doute des sondeurs. Cette élection présidentielle est totalement inédite. On tape beaucoup sur les sondeurs qui ne voient rien, mais je vais les défendre : en 1988, à cinq mois de la présidentielle, ils voyaient la victoire de François Mitterrand, en 2007, pas un sondeur ne donnait Ségolène Royal gagnante… En 2012, le duel Hollande/Sarkozy était écrit. Cette fois, en revanche, pas un institut, pas un sondeur ne se risque à affirmer que les Français auront un second tour Le Pen/Fillon. Quid de Macron, de Mélenchon, du vainqueur de la primaire de la gauche ? À cinq mois du premier tour, tout le monde doute.
Un parti socialiste morcelé. Et chez chez les candidats aussi, le doute domine. Le PS explosé redoute le sort qu’avait connu Gaston Deferre en 1969, éliminé dès le premier tour. Jean-Luc Mélenchon est en pleine dynamique, mais il peut encore chuter comme ce fut le cas en 2012. François Fillon, intraitable, peut-il rassembler sur un programme sacrificiel ? Marine Le Pen peut-elle obtenir son ticket d’entrée pour le second tour ? Il faudrait pour cela qu’elle atteigne 9 à 10 millions de voix, c’est-à-dire 3 millions de plus que son plus haut score obtenu aux dernières régionales.
Macron ne doute pas beaucoup me direz-vous ? C’est vrai mais la notoriété, la popularité ne se transforment pas de façon chimique et immédiate en bulletins de vote. Alain Juppé en a fait l’amère expérience il y a peu…
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Les aspirations révolutionnaires de l'électorat. La particularité de cette élection, c’est qu’elle échappe aux canons traditionnels de la présidentielle. Le premier : c’est le duel gauche-droite, l’affrontement structurant de toutes les présidentielles précédentes à l’exception de 2002, qui s’est effacé. On est désormais dans un système à trois forces : gauche, droite et extrême-droite, et même à quatre forces avec l’Ovni Emmanuel Macron qui ratisse très large. Deuxième canon auquel 2017 échappe : un président sortant qui ne se représente pas à un second mandat. Ça n’est jamais arrivé, et si l’on ajoute à cela Nicolas Sarkozy passé à la trappe, on perçoit une aspiration quasi révolutionnaire de l’électorat : faire table rase du passé pour ouvrir le champ de tous les possibles.