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Laura Laplaud , modifié à
La campagne électorale commencera-t-elle vraiment un jour ? À moins de huit semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les Français ne semblent toujours pas s'y intéresser. Pour le politologue Jérôme Jaffré, invité d'Europe Matin lundi, il y a un risque que la campagne ne démarre pas.
INTERVIEW

Emmanuel Macron sera-t-il candidat à sa succession ? Pour le moment, si ses adversaires politiques attendent la déclaration officielle de candidature à l'élection présidentielle, le président de la République ne semble pas pressé. Et les Français ne semblent pas non plus très intéressés par le sujet. "57%" d'entre eux "sont incapables de dire quand on aura lieu le premier tour de l'élection", a assuré le politologue Jérôme Jaffré sur Europe 1, en se basant sur la publication d'un récent sondage BVA.

Une lente campagne électorale

"Ils sont même incapables de dire que c'est au mois d'avril", a-t-il poursuivi. Autre indication du désintéressement des Français pour l'élection présidentielle, "la moitié des Français, dans leur conversation récente avec leurs proches, n'ont pas parlé de la campagne présidentielle", selon un sondage Ifop. "La grève des enseignants avait été plus citée que la campagne présidentielle", s'est étonné Jérôme Jaffré.

Les électeurs boudent la campagne présidentielle. Pour cause, nous assistons à une campagne électorale qui ne démarre pas et qui risque de ne jamais démarrer, selon le politologue. "Ce qui me frappe c'est que les Français ne rentrent pas dans l'élection présidentielle", s'est-il exclamé.

La résignation des Français

Une baisse d'intérêt pour le sujet voire même un sentiment de résignation. Une situation peut-être due au fait que, pour l'instant, la campagne n'a fait émerger aucun sujet structurant de fond. "Zemmour vous répondrait que ses thèmes ont structuré mais ils ne structurent qu'une partie du champ politique", a expliqué le politologue.

Alors que la présidentielle a pour fonction de parler des orientations du pays dans les cinq ans à venir, comme l'explique Jérôme Jaffré, la question du pouvoir d'achat est désormais devenue centrale dans les débats. "On est passé sur des promesses catégorielles. Compte tenu de la dévaluation de la parole politique, plus vous faites de promesses, moins vous êtes crus dans le système français et donc plus il y a un éloignement de l'électeur par rapport à l'élection", a-t-il souligné.

"Est-ce que ça va être différent quand Emmanuel Macron sera en place ?", s'est interrogé Jérôme Jaffré. "Ça lui laisse en tout cas la possibilité de développer davantage une vision, un projet, plutôt que de ne parler que de mesures", a-t-il conclu.