Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a dénoncé dimanche soir lors d'un meeting en Martinique les "assassins d'aube", que sont selon lui Donald Trump, Recep Tayyip Erdogan, ou encore Marine Le Pen, dans une référence littéraire au poète Aimé Césaire.
Des "assassins d'aube". À Fort-de-France, devant un auditoire d'environ 500 personnes pour une salle de 800 places, Benoît Hamon a abondamment cité le grand poète martiniquais, "une source inépuisable d'inspiration" pour lui. "Césaire a dit : 'Il n'est pas question de livrer le monde aux assassins d'aube', ceux qui veulent empêcher que le soleil éclaire le destin des citoyens", a expliqué l'ancien ministre. "Ceux-là, ils s'appellent Trump aux États-Unis, Erdogan en Turquie, Kaczynski en Pologne, Orban en Hongrie et ils s'appellent Le Pen en France", a-t-il déclaré.
"Nous choisissons Benoît Hamon". Benoît Hamon en a appelé à "l'intelligence collective" pour les "combattre". Le candidat à la présidentielle est soutenu par le Parti socialiste local mais surtout par le puissant Parti progressiste martiniquais (PPM) du député Serge Letchimy, qui avait un peu plus tôt affirmé qu'une "des grandes craintes de la Martinique" était "l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir". "Je suis de gauche", a ajouté Serge Letchimy, "et entre la gauche et la droite, nous choisissons clair, nous choisissons juste, nous choisissons Benoît Hamon".
"L'identité française, c'est une narration". Le candidat socialiste est revenu sur le thème de l'identité, dénonçant "ceux qui veulent nous assigner à des résidences identitaires". Il a défendu au contraire "l'identité rhizome", c'est-à-dire aux racines multiples, chère à l'écrivain martiniquais Édouard Glissant. "Aujourd'hui, le futur président doit assumer que l'identité française est une narration", a affirmé Benoît Hamon.
Une gauche qui doit être innovante. Revenant sur ses propositions qui font débat, comme le revenu universel d'existence ou la taxe sur les robots, il a assumé : "Si la gauche n'est pas capable de penser des solutions nouvelles, nous disparaîtrons. Pourquoi choisirait-on la gauche si elle propose les mêmes idées qu'avant ?", a-t-il fait mine de s'interroger, ajoutant : "On n'est jamais élu sur un bilan."
Hamon cherche "à convaincre", pas "à plaire". Le candidat PS a rappelé que cette élection présidentielle n'avait "rien à voir avec celles d'avant". "Tout est nouveau. Moi, je suis nouveau, pas beaucoup d'entre vous n'avaient prévu de me voir candidat du Parti socialiste", a-t-il ironisé devant des militants et sympathisants de gauche qui ont voté massivement pour Manuel Valls à la primaire. Benoît Hamon a assuré qu'il ne cherchait "à plaire à personne". "À vous convaincre oui, mais pas à vous plaire", a-t-il insisté. "Si je vous plais en plus, c'est pas plus mal, mais je veux parler à votre intelligence", a-t-il conclu.