Un président officieusement en campagne présidentielle, ce n'est pas dans les règles, estime Bruno Retailleau. Le président du groupe des Républicains au Sénat a accusé Emmanuel Macron de "tricher avec les règles juridiques" dans l'émission Europe Matin mardi. Au micro de Sonia Mabrouk, le sénateur de la Vendée a expliqué que ces règles "disposent que six mois avant une élection, on est soumis à des règles d'égalité, d'équité avec les autres candidats", reprochant au président sortant de se balader en France "avec le carnet de chèques des Français".
"Il y a un site internet, des affiches, et même des parrainages"
Le président des LR a assuré, en outre, avoir "mesuré au Sénat depuis septembre" cette utilisation du "carnet de chèques de la France". "Il devrait se déclarer candidat", souffle Bruno Retailleau. "Regardez : il y a un site internet, des affiches, il y a même des parrainages de maires", a poursuivi le sénateur sur Europe 1, faisant référence aux 500 signatures déjà recueillies par Emmanuel Macron alors qu'il ne s'est pas encore déclaré officiellement candidat à sa réélection.
Bruno Retailleau a également évoqué la rencontre entre les candidats de droite et le syndicat de police Alliance, qui avait convié le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Il a envoyé son ministre parler pour lui", s'est agacé le sénateur républicain, "donc, je dis qu'il triche parce qu'il ne joue pas le jeu du droit qui assure une égalité, et parce qu'il utilise les moyens de l'État", a-t-il ajouté.
Pour Retailleau, Macron "triche avec la démocratie"
Et l'ancien président de la région Pays de la Loire d'appuyer : "Je pense qu'il triche avec la démocratie. Il souhaite escamoter cette campagne et s'il le faisait, ce serait la seconde consécutive après celle de 2017 qu'il aurait escamotée." Bruno Retailleau a fait part de ses doutes sur le déroulement de la campagne, prenant l'exemple de la campagne précédente. "En 2017, l'agenda judiciaire (l'affaire Fillon, NDLR) a percuté l'agenda politique. Les grands débats ont eu lieu, mais sur la base faussée de cette intrusion judiciaire", a-t-il estimé sur Europe 1.
Bruno Retailleau a assuré enfin qu'il souhaitait voir le président sortant, en cas de déclaration officielle, participer aux débats avant le premier tour. "J'ai été candidat (à ma réélection) aux élections régionales de 2015, tous les autres candidats se liguaient contre moi, mais on fait front", a-t-il souligné. "S'il est si heureux de son bilan, alors qu'il l'assume !", a lancé le sénateur des Républicains, qui a avancé sur Europe 1 : "Je pense qu'il veut raccourcir la campagne parce qu'il veut échapper non seulement au débat, mais aussi au bilan. Or, rendre des comptes dans une démocratie, c'est fondamental."