"Ayez le courage. Relevez le gant". C’est un cri du cœur. Dans une lettre ouverte au président de la République, publiée dimanche par le JDD, l’écrivaine Christine Angot demande à François Hollande de se présenter à l’élection présidentielle, en dépit de son renoncement, le 1er décembre.
Une double menace. "Je vous écris parce que je n’en peux plus de rester spectatrice de mon pays qui va dans le mur, tout droit", explique Christine Angot. "Le 1er décembre, vous vous êtes retiré, vous n’aviez aucune chance de l’emporter. Maintenant, vous en avez une. Vous en avez une parce que le pays affronte un double danger", relève-t-elle, pointant à la fois l’essor du Front national de Marine Le Pen, et la menace islamiste, "des gens qui nous détestent et qui veulent nous détruire".
Le discrédit des autres candidatures. Pour l’auteure de L’inceste, aucun des différents candidats à l’investiture suprême n’est véritablement capable d’affronter cette double menace, ni même d’assurer la cohésion du pays. "Regardez le nombre de gens qui ne savent pas quoi voter. On est 51%, Monsieur le Président". "En trois mois, la droite s’est effondrée. Le centre s’est mis à séduire tout le monde à tout prix […] en comptant sur un charme personnel, et sur les circonstances. Quant à la gauche, alors là… ils veulent rêver, leur programme est 'vachement beau', mais au-delà de leur cercle, ça ne les intéresse pas de convaincre. Comme si le PS ne voulait plus être rassembleur", détaille-t-elle.
Pas un, donc, qui ne trouve grâce à ses yeux, ni Jean-Luc Mélenchon qui, selon elle, ne rassemble que "‘les protestataires’", ni Emmanuel Macron qui réunit les "‘on va gagner à tout prix ‘ quitte à aller séduire Villiers au Puy du Fou", ni Benoît Hamon qui "compare à ceux des années 1950" les cafés de Sevran, "et les trouve acceptables". Quant à François Fillon, Christine Angot estime que l’affaire Penelope a jeté le discrédit sur sa candidature, et ne manque pas d’étriller au passage l'académicien Jean d'Ormesson, qui a pris vendredi la défense du candidat de la droite et de son épouse dans les colonnes du Figaro. "Comme si l’honnêteté était devenue un détail".
Le bilan de Hollande. "Monsieur le Président, on ne peut rien dire contre vous. Pas une affaire à vous reprocher. À vous personnellement. Il y a eu Cahuzac, que vous auriez pu virer avant. Qu’est-ce qu’ils vous reprochent les Français ? D’être allé rejoindre une femme en scooter ? D’avoir rompu avec une autre ? D’avoir pris du poids par rapport à l’année où vous étiez candidat ? D’avoir dit dans le livre de Davet et Lhomme que les magistrats, c’était une profession de lâcheté. Ce que certains d’entre nous ont pu vérifier par eux-mêmes, parfois. Un président ne devrait pas dire ce qui est. De ne pas être antimédia, comme Trump, Le Pen, Fillon, Mélenchon, pour qui la presse est un coupable idéal ?", écrit Christine Angot qui veut mettre en avant la stature présidentielle de François Hollande et sa capacité de rassemblement lors des attaques terroristes des dernières années.
"La garantie de notre cohésion". "Dans les situations exceptionnelles, vous avez toujours été à la hauteur. […] La façon dont vous nous avez parlé le 7 janvier 2015, puis le 13 novembre nous a permis d’accuser le coup, sans partir en vrille", estime la romancière. "Ouvrez-leur les yeux, Monsieur le président. Soyez la garantie de notre cohésion. Car là, on est en train de partir dans tous les sens", supplie-t-elle.