François Fillon n’est pas plus courageux ou moins lâche que les autres. Comme les autres, il a rendu les armes : Marine le Pen sera au deuxième tour de la présidentielle. Son salut, sa seule chance d’être élu c’est de décrocher la deuxième place qualificative pour le second tour. Sa cible principale dans ses meetings, ce n’est donc pas Marine Le Pen, mais Emmanuel Macron, "le candidat de la soupe tiède, l’héritier de François Hollande, le candidat Plastique", comme il le surnomme.
C’est la droite très décomplexée qui se sent en danger. Si on relit ses discours, comme à Besançon la semaine dernière, Marine Le Pen a droit à un petit paragraphe ; Benoît Hamon à cinq lignes. Le gros morceau, la cible, c’est Emmanuel Macron son principal concurrent pour la deuxième place. C’est tellement vrai que son parti a dérapé dans la violence et dans l’outrance via une caricature que François Fillon a condamné. Désignant Emmanuel Macron en banquier à chapeau haut de forme et nez crochu. C’est la droite très décomplexée qui se sent en danger.
Une radicalité assumée. Mais avec cette stratégie, François Fillon pourra-t-il espérer un barrage du FN au second tour ? C’est là que ça coince. François Fillon lui-même a renié le Front républicain. Le barrage au Front national a été abandonné, François Fillon est pour le ni-ni, ni gauche ni FN. Position de principe. Renforcée par une analyse : le candidat de la droite considère que la France, aujourd’hui, est à droite. Et donc assume une radicalité, pas seulement sur l’économie, mais aussi sur les sujets de sécurité et de société : délai de carence de deux ans pour les étrangers avant d’accéder aux droits sociaux, suppression de l’aide médicale d’état, abaissement de la majorité pénale à 16 ans, etc.
Pas de gages à la gauche qui a voté Chirac. Sur le plan des valeurs, là encore, François Fillon revendique sa chrétienté, son hostilité à titre personnel à l’IVG et la remise en cause du mariage pour tous. C’est un pari très périlleux parce que François Fillon prend le risque de démobiliser l’électorat de gauche s'il se retrouve en duel face à Marine Le Pen. Cette gauche qui a voté Chirac en 2002, François Fillon ne lui donne aujourd’hui aucune raison de se déplacer pour lui en 2017 au deuxième tour de la présidentielle.