Emmanuel Macron poursuit son objectif d'ouverture. Le chef de l'État promet de piocher les bonnes idées là où elles sont, à droite comme à gauche. Mais ces derniers jours, c'est clairement aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon qu'Emmanuel Macron s'adresse. Le président sortant en est convaincu : c'est là, chez les électeurs du candidat insoumis, que se trouve l'une des clés du second tour de l'élection présidentielle.
Ecologie et retraite : Macron ouvre la porte à "l'inflexion"
Le leader insoumis a réalisé un gros score au premier tour : 22% des voix. Et parmi ses électeurs, seuls 38% ont pour l'instant prévu d'aller voter pour le chef de l'État dans dix jours. Alors, Emmanuel Macron met la barre à gauche en évoquant une inflexion possible sur la réforme des retraites en début de semaine puis en mettant en valeur l'écologie ce mercredi. Une thématique très présente dans le programme de Jean-Luc Mélenchon et évidemment, dans celui de Yannick Jadot.
"Je crois au socle de mon projet, mais tout ce que je peux faire pour aller plus vite, pour intensifier les choses, je suis prêt à le reprendre", a-t-il déclaré sur France 2. Il a fait valoir que son projet était "le seul qui permette de sortir rapidement de la dépendance aux énergies fossiles, en particulier venant de Russie ou de pays avec lesquels nous pouvons avoir des risques géopolitiques".
Mais il souhaite "intensifier le rythme" sur ses principaux axes : "la sobriété" énergétique via la rénovation des logements et un système de leasing de véhicules électriques pour les familles modestes, le déploiement des énergies renouvelables et le programme nucléaire. "Je ne vais pas dire que je vais sortir du nucléaire, ce qui était (la) position (de Jean-Luc Mélenchon), parce que ça n'est pas bon pour notre pays", a-t-il souligné, mais il faut "enrichir, intensifier, mettre plus d'investissements sur l'ensemble de ces sujets".
Il a également cité les propositions de l'écologiste Yannick Jadot, 6e au premier tour, "sur les sujets d'économie circulaire où il voulait aller encore plus vite que ce qu'on faisait", en précisant "croire à l'écologie de solutions", pas à "des projets de décroissance". Il a dans le même temps attaqué "le projet d'extrême droite" de la candidate RN Marine Le Pen qui "se moque complètement du rapport du GIEC", et "consiste à démonter les éoliennes (...), c'est-à-dire à dépenser des centaines de millions d'euros pour enlever des sources d'énergie renouvelables, ce qui est une absurdité et budgétaire et énergétique".
Voile et féminisme sont compatibles pour Macron
Autre exemple, un échange du président-candidat avec une jeune femme voilée l'interpellant en marge de son meeting à Strasbourg. "Est-ce que vous êtes féministe ?", a-t-elle lancé avant d'affirmer l'être elle-même et de préciser : "Je suis pour l’égalité femmes-hommes". Ce à quoi Emmanuel Macron a surenchéri : "Je peux me permettre d’être indiscret ? Vous portez un voile par choix ou c’est imposé ?". Et la jeune femme de répondre : "C’est par choix, totalement par choix Monsieur."
"Avoir une jeune fille qui porte le voile, à Strasbourg, qui me demande 'est-ce que vous êtes féministe?', c'est la meilleure des réponses à toutes les bêtises que j'entends", a ensuite déclaré le président-candidat, avant d'ajouter : "Parce que de l'autre côté il y a Madame Le Pen qui dit 'le voile sera interdit sur la place publique avec moi'".
Cet échange, très commenté, illustre un revirement d'Emmanuel Macron sur le sujet. En 2018, il parlait du voile comme d'un "objet qui nous insécurise et qui n'est pas conforme à la civilité". Un virage en forme d'appel du pied au vote communautaire. Selon un sondage, 69% des électeurs musulmans ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour.